Anders aurait presque eu envie de pleurer et rire.
Mais il ne faisait ni l'un ni l'autre. Il observait Grace en train de marcher, comme si elle faisait ses premiers pas. Il se rendait compte que ce n'était pas seulement le temps qui avait fait ce que Grace était, mais aussi les gens, elle aussi. Pour qu'elle représente des soucis de marche, il n'avait pas besoin d'être médecin, il avait compris qu'elle avait eu un accident. Il n'avait pas été là pour elle pendant ces vingt-deux dernières années. Il s'était enfuit sans donner de traces et elle était venue le retrouver. Ils agissaient maintenant comme s'ils s'étaient séparés la veille ... Un peu. Un tout petit peu. Ou presque. Anders ne savait plus trop. Mais il ne méritait pas d'être pardonné. Il n'avait jamais mérité le pardon pour quoi ce que ce soit. Grace n'allait pas le pardonner.
L'écrivain voulait profiter. Il voulait profiter de cette amitié encore intacte pour croire quelque chose à la vie. Essayer de vivre un peu, laisser le survivre de côté. Il devrait suivre le fil de la conversation, pas de ses pensées parce que sinon il allait se perdre tout de suite.
- Hein ? Non, trop tard. Anders était perdu. Il ne comprenait plus, il essaya de reprendre les phrases et il comprit ensuite.
Ah ! Le mariage ! ... Attends, tu disais quoi ? Il soupira.
Non laisse tomber, je ne comprends plus grand chose. Oui. Il ne savait plus pourquoi il avait parlé de mariage. C'était Grace qui avait commencé en réalité ... Ou c'était lui ? Avec son addiction à l'alcool. Weiss ne chercha pas à comprendre davantage, c'était sûrement des échanges de conneries due à l'alcool. Ah, l'alcool douce compagne, qui savait être fourbe par moment. Il était très amie avec elle et savait mieux tenir, mieux résister à ses effets secondaires... Ou pas vraiment. Parce qu'Anders avait vu le trottoir et n'avait pas levé le pied à temps, c'était la faute aux étoiles aussi. Vilaines étoiles.
Il leva un peu son pied et bougea ses orteils dans la chaussure quand Grace lui demanda si ça allait.
- Oui. Ça va, mieux vaut un pied de cogné, que de se prendre le trottoir en plein nez. il la regarda un petit peu et observa autour de lui.
Nooon, c'est vrai. Pas de caméra ici. Ouf. Je suis sauvé. Sans crier gare, Grace hurla une bonne année aux passants loin de là, qui répondirent la même chose. Anders n'avait pas de problème avec ça, mais il venait de sursauter ne s'étant pas attendu à ça.
Graaaaace... grimaça-t-il. La tête ? Non, l'oreille, elle venait de lui hurler dans l'oreille tout d'un coup. Il n'était pas habitué à des hurlements comme ça.
Ils arrivèrent à la maison de Grace, hourra. Ils n'auraient pas à se faire accoster par ces gens qui marchaient dans la rue. Elle aurait dû se taire, elle aurait dû complètement se taire et de ne pas attirer l'attention. Anders n'aimait pas ça, mais il ne disait rien parce qu'il n'y avait pas la lumière, ils ne se verront pas distinctement.
Weiss signala qu'il ne pouvait pas la guider dans cette maison et que c'était à son amie de le faire. Il la tenait fermement, pour pas qu'elle ne tombe et elle se mit à réfléchir.
- Aaaaah mais fallait dire plus tôt ! râla Anders à la remarque de Grace qui signala que sa chambre était en bas, pas à l'étage.
Il manqua de se prendre un carton, et elle se plaignait du bordel qu'il y avait chez lui ?! Elle ce n'était pas mieux, si elle ne se souvenait pas où étaient les cartons et que lui, il ne connaissait en rien ces emplacements. Ils allaient vraiment se casser la figure tous les deux. Il devait le dire ? Non ? Si ? Non ? Si ? Non ?
- Ces cartons sont une menace ! Finalement il le dit, toujours concentré à placer son pied et vérifier s'il n'y avait pas quelque chose devant. Ils avaient de la chance de ne pas se prendre le mur. Ils arrivèrent enfin, avec un peu trop de temps que prévu dans la chambre de son amie.
Un pari ? Anders n'avait rien parié ! C'était sûrement un pari que Grace s'était fait dans sa tête et qu'elle avait oublié de le dire à son ami. Il se mit à sourire un petit peu. Il l'aida à se diriger vers le lit et commença à s'inquiéter parce qu'il ne sentait pas la prise que Grace avait sur sa main moins se serrer...!
- Grace ? La main. EH La main ! Ma main ! Et trop tard.
Elle tomba, réceptionnée en douceur par son lit, Anders un peu moins qu'il s'était prit le bout en bois et lâcha un
aaargh. Putaain. Ça fait maaaal.. Il frotta frénétiquement l'arrière de son crâne et se retrouva coincé sur le lit avec Grace qui dormait par dessus de tout son bras.
- Grace... Lèves-toi un peu s'il te plait, tu tiens coincé ma main. 'Nenuit Non. Non non ne t'endors pas ! Elle s'endormit aussi rapidement qu'il ne l'aurait fait. Il essaya de la réveiller doucement, en bougeant son bras. Mais elle le coinçait vraiment que l'écrivain râla et fit quelques bruits qui ne la réveillait pas, elle avait un sommeil lourd !!
Merde... De sa main libre, il essaya de la pousser un petit peu, pour glisser son bras à lui. Il réussit à se libérer enfin, il mit sa main à l'arrière de son crâne, ça lui faisait mal.
Anders essaya de rentrer, sans encombre, sans se prendre le carton. Il essaya de refermer correctement la porte. Il essaya de ne pas se prendre le trottoir ou rater une marche.
Anders, n'avait jamais autant désiré son lit.
La discussion l'avait vidé et cette petite escapade pleine d'embûches aussi.
Mais il était content d'avoir retrouvé son amie, même si ça impliquait un mal de crâne le lendemain et une bosse.