+ Appel du 11 mars 2016.

La musique battait son plein sur la place. Les manèges pour enfants posés là depuis quelques jours avaient attirés les garçons comme deux papillons hystériques devant un très gros phare bien lumineux. Barbe à papa entamée en main, la petite main de Nate dans l'autre, Lorcan sentit son téléphone vibrer contre sa fesse droite. C'était bien le moment.

« Papa, je peux y aller ? » demanda Nate surexcité pendant que son frère était déjà sur le manège à l'arrêt en train de sélectionner sa future monture. Lorcan lâcha sa main pour attraper son téléphone. « Oui, vas-y. » répondit-il distraitement en zyeutant l'écran.

Cole le hérisson

Un sourire se glissa inconsciemment sur ses lèvres. Il décrocha, et brailla un « Allo ? » assez fort pour couvrir le bruit ambiant.

+ Appel du 11 mars 2016.

Je fermais le clavier de mon ordinateur alors que la sonnerie du téléphone résonnait dans mon oreille. Je venais d'envoyer mon nouveau chapitre à mon éditrice et en profiter pour tenir ma promesse en appelant Lorcan, et savoir si il avait un moment de libre ce week end. J'étais un tant soi peu nerveux à l'idée de ce rendez vous.

Je n'avais cependant pas le temps de m’inquiéter outre mesure que sa voix résonnait dans le combiné, faisant naître un petit sourire au coin de mes lèvres.

- Hey, c'est Cole. Et voilà que de nouveau mes mains devenaient moites, je n'étais pas certain de comment procéder, mais j'entendais un bruit assez important derrière lui, et mes sourcils se fronçaient alors que je poursuivais. - J'espère que je ne te déranges pas ?

+ Appel du 11 mars 2016.

« Cole, hey ! » le salua Lorcan avec un peu trop d'entrain. « Non tu me déranges pas du tout  ! »

Il battit en retraite sur l'un des bancs qui bordaient le manège. Quelques autres enfants affluaient sur le manège, lui offrant quelques secondes de répit. Du coin de l'oeil, il surveillait les siens. Nate, comme toujours, cherchait le point le plus haut où se percher pour être certain d'attraper le pompon avant tout le monde. il était petit, mais il avait de la suite dans les idées.

« Je suis à Boise avec les garçons. On a trouvé des manèges sur une petite place. » Pour une fois, il avait terminé son service à l'hôpital assez tôt pour s'offrir un peu de temps avec ses fils. « Comment tu vas ? T'as réussi à rattraper ton retard dans ton boulot ? »

+ Appel du 11 mars 2016.

- Bien. Il fallait avouer que même si il avait initié quelques contacts via des messages, c'était la première fois où nous avions l'occasion de discuter de vive voix depuis notre dernière rencontre.

Je me levais, calant mon portable contre mon oreille pour enfiler ma veste alors qu'il me racontait où il était et ce qu'il faisait. Un sourire se faufilant sur mes lèvres à l'image qui se présentait à moi.

- Mieux. Je n'allais pas mentir en prétendant que j'allais totalement bien mais j'allais nettement mieux que la dernière fois qu'on s'était vu malgré une rencontre étrange lors d'une de mes rares sortis. - J'ai fini mon chapitre, et je ne risque plus d'avoir l’infarctus de mon éditrice sur la conscience. C'est pour cela que je t'appelais d'ailleurs, je me demandais si tu étais libre demain après midi. Je me jetais à l'eau sans préambule, de toute façon nous avions convenu de nous revoir, j'avais cette pression en moins

+ Appel du 11 mars 2016.

Il allait mieux. Lorcan savait qu'il ne lui mentait pas pour le rassurer et il en était terriblement soulagé. Pas qu'il doutait de Cole sur ce point, mais l'entendre. Savoir que sa venue avait eu un impact positif, le rassérénait plus qu'il n'osait se l'avouer. « Je suis content que tu ailles mieux. » répondit-il d'abord sur le ton de la conversion. Puis Cole aborda LE sujet. Celui de leur rendez-vous.

Lorcan ignora la vague de palpitations dans son estomac. « Demain après-midi, oui bien ▬ Nate, descend de ce cheval, il est trop haut pour toi ! » « Mais papa, je veux le pompon ! » se rebiffa le gosse, agrippé de toute la force de ses cuisses à son gros destrier inanimé. Lorcan se pinça l'arête du nez entre le pouce et l'index. Pas le moment, ce n'était tellement pas le moment. « Zach, vas avec ton frère sur le cheval. » L'aîné se tourna vers son père, pas plus décidé à coopérer. « Mais papa ! » Dieu qu'il haïssait toutes les phrases qui commençaient par "Mais papa". « Je voulais aller dans le camion de pompier ! »

« Y a pas de mais papa. Tu vas avec ton frère. » avertit Lorcan d'un ton qui ne souffrait aucune révolte. Voyant Zach obtempérer, il oublia qu'il venait de creuser un peu plus profondément sa place en enfer, dans le coin VIP destiné aux père indignes, et se reconcentra sur la conversation. « Demain après-midi, c'est parfait. J'avais peur que tu m'appelle la semaine prochaine. On a une campagne de don du sang sur 3 jours à l'hôpital, je vais être vanné. Mais avant, c'est super ! »

Enfin, le manège se mit en route. Lorcan vérifia que sa marmaille était bien accrochée au cheval puis reprit avec curiosité. « Je dois être prêt à une heure précise ? Je dois me faire beau ? Ou bien préparer le jogging parce que tu vas venir me chercher en tandem ? Tu sais que j'suis mort curiosité, donnes moi au moins un indice ! »

+ Appel du 11 mars 2016.

Mon visage allait probablement céder sous la pression du sourire qui avait fait son chemin en l'entendant répondre par l'affirmatif, avant que je ne décolle mon oreille de l'appareil sous le cri soudain et imprévisible. Une légère grimace avant de remettre le téléphone contre mon visage, écoutant la conversation entre Lorcan, et ses enfants. En tous les cas, les paroles de Lorcan. Je retenais un petit sourire amusé alors que j'ouvrais la porte de ma chambre pour descendre dans le hall.

- J'ai comme l'impression que Nate a gagné la manche sur Zach ... Je commentais sur un ton amusé, avant que Lorcan ne revienne sur le sujet de notre conversation. J'enregistrais l'information qu'il me fournissait sur son emploi du temps de la semaine prochaine et trouvait un peu étonnant une campagne aussi longue pour une petite ville comme Lewiston, mais après tout c'était une communauté bien étrange dans laquelle j'avais mis les pieds.

Je finissais par arriver dans le hall, et saluait l'employé à l'accueil d'un léger signe de tête, faisant preuve de beaucoup plus de sociabilité qu'à mon arrivée dans le coin. Lorcan avait un effet positif sur moi que je ne pouvais pas nier. - Tu n'as qu'à taper dans google, et tu auras la réponse à ta question ... Je lâchais avec une touche d'ironie alors qu'il s'était amusé à me taquiner sur le sujet. Même si il n'avait pas eu tort, j'avais quelque peu bousculé mes plans à cause de cela. - Je passerais chez toi vers 15h, ca ira ? Je finissais par me stopper attendant la fin de ma conversation pour faire le nécessaire avec l'employé de l’hôtel. Je n'avais certes pas investi dans une voiture, mais c'était la raison pour laquelle on pouvait louer des voitures. J'ignorais juste où m'adresser en ville encore.

+ Appel du 11 mars 2016.

« Tricheur ! » s'insurgea Lorcan, faussement scandalisé. « J'arrive pas à croire que tu retournes ma vanne contre moi ! Mais c'est fair-play, okay... Puisque tu le prends comme ça, je vais être obligé de consulter Google et de te harceler de sms jusqu'à ce que tu me confirmes quelle proposition est la bonne ! » Et Cole le mènerait en bateau, même s'il tombait sur la bonne réponse. Mais Lorcan s'en fichait. Il entrait dans son jeu, par envie de provocation, et parce que c'était un prétexte idéal pour passer un peu de temps avec lui par messages interposés.

Sur le manège, Zach venait d'attraper le pompon sous le nez de son cadet. Nate essayait de lui piquer, mais c'était peine perdue. De plus, le forain avait bien vu quel petit garçon l'avait attrapé. « Et 15h alors, c'est noté. Je m'attends à la calèche. » décida t-il arbitrairement comme Cole ne lui donnait pas plus d'indices. « Tu sais que... tu me manques un p'tit peu ? » avoua t-il ensuite. « J'ai hâte d'être à demain. »

+ Appel du 11 mars 2016.

Je secouais la tête de gauche à droite avec une note d'amusement en entendant ses protestations mais le tout m'amuser quelque peu. Je n'étais cependant pas décidé à céder d'un pouce de terrain, même si l'idée n'avait que j'avais n'avait rien d'extraordinaire en soit, pour être honnête. J'avais même plus la pression qu'autre chose avec ses questions mais je ne pouvais pas dire que la perspective d'avoir de ses nouvelles ne me fassent pas plaisir.

- J'espère que tu ne seras pas trop déçu alors quand tu n'auras pas la calèche ... La question était dit avec une pointe de malice mais non sans une réelle inquiétude sur la teneur de mes projets. Il avait eu une relation avec un autre homme de longue durée et peut être que ce genre de chose faisait partie de leur quotidien, mais plus moyen de faire marche arrière maintenant que le rendez vous était entendu. Je laissais une de mes mains glissaient dans la poche de mon jean. - J'ai hâte d'être à demain aussi ... Je répliquais doucement avec une pointe de tendresse au fond de la voix, impliquant qu'il m'avait lui aussi manqué. - Je suppose que je devrais te laisser retourner auprès de tes enfants ? J'avais bien conscience que cela demandait sa plus grande attention. Et je m’inquiétais soudainement de ne pas les avoir inclus dans les projets de rendez vous, peut être penserait il que je n'avais pas de considération pour eux. - Tes enfants peuvent venir avec nous si tu veux ... Rajoutais je un peu précipitamment.

+ Appel du 11 mars 2016.

« Ah-ah ! Tu avoues qu'il y aura pas de calèche ! » pointa victorieusement Lorcan comme s'il venait de faire une découverte transcendantale. Puis la réponse de Cole à sa confession affectueuse lui arracha une moue tendre. Il arracha un bout de barbe à papa du bout des dents pour se redonner un peu de consistance et ne pas fondre sur là sur le banc, tandis que Cole se mettait à vouloir inclure les garçons à leur rendez-vous.

Non seulement c'était une terrible idée pour cause de trop forte ressemblance avec leur père, et seigneur. Tout mais pas ça. Mais en plus, c'était une terrible idée tout court ! « T'y penses pas ! Avec eux, ça sera plus un rendez-vous romantique. Rien que là, ils sont en train de se battre sur le manège. Je vais devoir intervenir et menacer de les punir tous les deux avant la fin du tour. Nan, crois moi, ils seront vachement mieux chez leur grands-parents pendant que nous on fera du tandem dans les champs. » Deuxième supposition arbitraire à la noix. C'était stupide, mais ça l'amusait beaucoup trop pour qu'il arrête !

+ Appel du 11 mars 2016.

Je roulais des yeux, à sa pseudo victoire et me demandait si il avait réellement cru à la possibilité d'un tel rendez vous ... J'en doutais néanmoins et me contentais de lui laisser la victoire bien plus préoccupé par un autre sujet. Ses enfants. J'avais formulé la chose sans arrière pensée, et n'aurait certainement pas opposé leurs venues. Cependant j'avais quand même cette pointe d'anxiété en me disant que j'avais déjà du mal à tenir la distance avec Lorcan, seul. J'allais avoir encore plus de pressions si les enfants devaient venir et répondre à toutes leurs attentes.

- Humm ... En somme, tu me dis que je ne supporterais pas ta personnalité en trois exemplaires ? Et j'avais répliqué avec une certaine malice, qui me venait de je ne sais où mais qui semblait naturel dans une joute verbale superficiel et détendu. - Mais tu n'as pas tort, peut être qu'ils sont encore un peu jeune pour le saut en chute libre ... Je rajoutais en lui donnant une fausse idée de ce rendez vous sans dissimuler l'amusement qui coulait dans mes veines. C'était bien d'être détendu aussi, et quand je prenais mes médicaments de manière plus correcte, je n'étais pas complètement assommé et mes humeurs étaient mieux régulés.

+ Appel du 11 mars 2016.

« De la chute - tu sais quoi ? Garde définitivement cette idée en tête pour une prochaine fois ! » répondit Lorcan avec enthousiasme. « Et peut-être même que si t'es assez gentil, j'te raconterai mes fantasmes encore inassouvis pour te donner d'autres idées dans ce genre. » Hey, Cole n'était pas le seul à avoir le droit de faire des mystères ! « Quant aux enfants, on va dire que c'est le rite de passage pour faire parti de ma vie. Mais que tu as le droit à quelques rendez-vous règlementaires avant de devoir passer ce terrible test initiatique »

Il en rajoutait exprès. Les garçons n'étaient pas si terribles. « Et puis, tu t'es plutôt bien entendu avec Nate de ce que j'ai vu. » Sur le dos du cheval, c'était la bataille rangée. « Les garçons ! » appela sévèrement Lorcan alors que le manège s'arrêtait, arrivant à la fin du tour. « Je vais avoir besoin de mon unique main libre pour gérer la crise. » soupira t-il en grimpant les rejoindre. « C'est quiiii ? » fit la voix de Nate toujours aussi curieux que la première fois qu'il avait rencontré Cole. Lorcan l'ignora, sa voix s'adoucit considérablement alors qu'il s'adressait de nouveau à Cole. « Demain, 15h. Je t'attendrai. »

+ Appel du 11 mars 2016.

Et il avait beau le dire avec malice, il n'avait pas tort, j'aurais bien besoin de quelques indices si je devais être à même de pouvoir organiser plusieurs rendez vous. Même si j'espérais quand même qu'il prendrait l'initiative d'en faire lui même aussi. Je n'étais pas doué avec la pression.

- Il te ressemble beaucoup, et je dois admettre que j'ai cédé à ce regard ... Je laissais un petit rire sortir de mes lèvres. Même si j'espérais bien être à la hauteur le jour ou les présenterait officiels se feraient. Je n'avais qu'entraperçu l'aîné, et vu le cadet quelques minutes.

Je l'entendais batailler avec ses fils, et je me surprenais à me dire que j'aurais aimé pouvoir être l a bas pour l'aider. Mais peut être plus tard si demain se passer bien et que mon idée de rendez vous ne me fasse pas reculer de dix cases. Peut être trop simpliste.

-  Bon courage avec les enfants ... A demain, Lo.

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