| Sujet: Re: #1006 + and one thing led to a mother #2 | SERAH & PENNY Mer 5 Aoû 2015 - 19:43 | |
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AND ONE THING LED TO A MOTHERserah ϟ penny Je me déplaçais comme en auto-pilote. Il n'y avait pas réellement de pensée concrète derrière mes mouvements, pas de volonté autre que celle de disparaître loin de ce lieu qui était devenue soudainement si inhospitalier. Si invasif. Est-ce qu'on ne pouvait plus prendre le moindre plaisir à partager un café avec une amie maintenant sans devoir risquer d'être harcelé par ce lâche ? Si seulement je pouvais me permettre de ne pas en avoir besoin, j'aurais bien volontiers abandonné tout téléphone cellulaire. Mais auquel cas, en serait-il (ou elle) arrêté là? Ou aurait cette personne trouvé d'autres moyens de polluer mon existence? Notre existence ? Est-ce que Matt et Josh avaient été dérangés eux aussi, par delà ce qui avait bien pu transpirer lors de notre dernier repas de famille qui au final se sera avéré... catastrophique. Je n'étais plus sûre de rien. La colère à l'égard de cet inconnu retombait doucement et l'inquiétude vis à vis de ma fille crû de façon exponentielle: si cette enflure pouvait observer tout un chacun sans qu'on n'en ait la moindre idée, savoir tant de choses, semer le chaos sans répit, comment pouvais-je bien pouvoir protéger Hana d'une telle influence? Serrant un peu plus l'enfant contre moi, comme pour faire bouclier face à cette malice, je me laissais guider à l'extérieur par une Penny qui, entraînement fédéral oblige, gardait la tête froide bien plus longtemps qu'avait pu durer mon bref moment de lucidité. J'étais confuse, inquiète, blessée, en colère, et désemparée tout à la fois.... Et je détestais ça.
Penny conduisait. Je berçais l'enfant. Hana ne semblait pas avoir besoin de mes mouvements légers pour rester calme, mais cela m'apaisait au moins autant qu'elle.
Combien de temps s'était-il écoulé depuis que nous avions quitté le café ? Cinq minutes? Quinze ? Une heure? Je me voyais incapable de le dire, mais la ville avait laissé la place à la banlieue, ou au moins une région largement plus résidentielle que celle que nous venions de quitter. Chez Penny, j'imaginais. N'avait-elle pas dit vouloir m'emmener quelque part plus tranquille ? Je ne sais plus. J'avais passé trop longtemps à me laisser aller par un vent de panique et la peur que je m'efforçais de garder au plus profond de moi bataillait contre ma sanité d'esprit pour refaire surface. -S n'avait rien à voir avec le passé, il suffisait simplement que mon esprit garde la cadence avec ma raison et que je force cette angoisse croissante là où je l'avais enterrée. Si Penny savait que je n'avais pas parlé à mon thérapeute depuis au moins le décès de Ju', elle trouverait probablement quelque chose à redire, aussi l'idée était de tout faire pour la convaincre qu'il n'y avait pas le moindre souci. Que j'avais les choses sous contrôle. Que j'étais guérie, et avançais...
Que tout allait bien.
Il fallait dire que j'avais toujours été une piètre menteuse, que Penny le savait et étant consciente de ce fait, je trouvais une excuse pour éviter le regard de mon accompagnatrice dans la poussette qu'il me fallait sortir du coffre. Toutes les raisons étaient bonnes, si seulement je pouvais mettre les choses dans l'ordre dans mon esprit sans qu'elle ne se doute de rien. Si seulement... On pouvait espérer, hein? Faire une crise de panique pour un rien n'avait certainement pas trait à une personne saine d'esprit et en bonne convalescence. Penny ne m'avait jamais vraiment vue comme une victime, pas comme tant d'autres, et c'était probablement la raison pour laquelle je me sentais plus à l'aise en sa compagnie qu'en la compagnie de quiconque d'autre de son unité. Avec elle, j'avais l'impression qu'elle me voyait comme une personne et non pas un objet de porcelaine près à se briser à la moindre fausse manipulation. Je ne voulais pas que cela commence aujourd'hui. Je savais prendre soin de moi, Hana en dépendait. Prendre sur soi et continuer n'était pas une option que j'allais renier. Je n'étais pas -S. Il pouvait s'attendre à me voir flancher pour un rien, mais lui donner tort serait d'autant plus délicieux, pour autant que cela compte comme revanche temporaire.
Couillon....
Le mot pensé fut soufflé alors que je refermais le coffre, et si mon humeur valsait désormais entre la frustration du café et l'inquiétude que cela avait causé, mon esprit se concentra sur l'inquiétude: Penny observait sa façade avec une concentration bien peu nécessaire à quelqu'un qui ne faisait que rentrer chez elle. Mon regard fit le tour entre elle et le bâtiment, cherchant à comprendre ce que l'autre jeune femme pensait, mais le temps vint à manquer: bientôt, je me voyais invitée à la suivre à l'intérieur et me retrouvais à ralentir dans le salon, indécise quant à l'endroit où m'installer (ou si je pouvais m'installer, d'ailleurs) alors que Penny fila droit jusqu'à la cuisine que je devinais dans le fond.
Ça ne doit pas valoir la villa Stark, je sais bien mais j'espère que tu ne vas pas trop t'y sentir à l'étroit. Le commentaire fut le premier à vraiment provoquer un rire sincère de ma part, au moins depuis ce matin. Je ne riais plus assez, dernièrement, et c'était à se demander si Penny n'avait pas fait exprès. Certes, elle était déjà passée à la maison, brièvement, pour des suivis professionnels, mais il n'y avait jamais rien eu de plus que ça. Et le manoir Stark était certes immense, mais si la différence devait inspirer quoi que ce soit en moi, ce n'était probablement pas ce que pensait Penny.
Si tu savais. Une si grande maison, ce n'est pas nécessairement l'idéal, je pense, une expression triste et pensive dû ceindre mon regard pendant un instant avant que je ne reprenne, c'est pas mal pour les fêtes quand t'es plus jeune, mais quand t'as mon âge, avec un jeune supposément en cours et un grand qui travaille des heures de malade, avoir une maison pareille, au final, ne te donne qu'une impression de solitude.
Un instant passa avant que je ne réalise la seconde part du commentaire de Penny, et réfléchissant vite pour ne pas paraître plus gauche que je ne le devais déjà. Je donnais encore le sein à Hana et le docteur avait bien dit qu'une à deux tasse de café, ou autre boisson cafféinée, était le maximum pour éviter que l'enfant ne soit trop agité ou manque de sommeil. Un verre d'eau, ou un jus de fruit ferait amplement l'affaire et je demandais à mon hôtesse si elle avait de telle boisson. Quant à Hana....
Merci. Pour l'instant, elle dort toujours, mais je pense que ça ne va pas durer. L'appel de l'estomac sera bientôt plus fort que tout, et désolée si elle se met à pleurer...
J'espérais que non, mais si elle restait une enfant calme, Hana était un bambin comme les autres, et seigneurs ce qu'elle pouvait avoir de la caisse. Au moins, le sommeil de la petite me permettait de réfléchir à que faire ou dire: nous avions calculé notre rendez-vous autour de mon planning avec Hana et dans mon esprit, il avait été prévu de rentrer à la maison avant même qu'elle ne se mette à avoir faim. Lorsque je sortais, j'avais toujours une petite boîte de nourriture pour enfants dans le sac que je transportais en tout lieu, mais... j'alternais. Si je venais à devoir nourrir l'enfant prochainement, il allait me falloir donner le sein. Et devant Penny c'était juste... spécial. Presque embarrassant. Et en même temps pas, parce qu'il n'y avait aucune raison d'avoir honte, mais d'un autre côté ce n'était pas le genre de chose à faire chez une personne qui se voulait être une amie. Ou peut-être que si. Il fallait juste que je trouve un moyen d'approcher le sujet sans faire une absolue idiote de moi même...
Est-ce que tu attendais quelqu'un ? Tu avais l'air pensive en observant ta fenêtre, quand on est arrivées. Et par pitié, dis-moi que vous avez une équipe spéciale dédiée à la tâche de dénicher et démasquer -S quelque part dans votre bureau fédéral. Cela devient réellement pénible, et blessant et je n'ai pas envie qu'Hana grandisse avec cette ombre au tableau...
Changement de sujet. Cela fonctionnait toujours, au moins pendant un petit temps. J'espérais simplement que le sommeil d'Hana dure un peu plus longtemps, maintenant... Assez longtemps.
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