- MIAAAAAARGL!!!! HOW? RRAAAAAOURL! MEOOOOOOW!!
- Ouais… Ouais, pas si fort! J’ai compris… Hetty? Tu peux nourrir Canard? Le bac est sous l’évier…

Frank abandonna ses chaussures sur le paillasson près de l’entrée. Il ne prit pas la peine d’ouvrir la lumière. C’était chez lui. C’était minuscule… Il en connaissait chaque pouce carré. Un pas en avant, il contourna la bibliothèque basse. Trois pas à droite, il ploya le genou et faisant grincer le matelas, et s’affala en travers de son lit. Lit? Non, c’était un divan lit… On en distinguait les contours dans la lueur de la radio.

- Humpf…

Canard s’employa à tournicoter dans les jambes de la blonde…

- Attention, grogna Wilcox… Il va tout faire pour te faire renverser le plat… Il y eut un silence, un temps de réflexion. Tu sais, réfléchit-il à haute voix, si tu veux rester dormir, tu peux mettre une de mes chemises… Proposa-t-il très civilement. Tu es très jolie là dedans...

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Ft. Frank Wilcox

C'est un chat qui les accueille avec grande effusion d'amour ? Nan, il a seulement faim. Hetty a l'habitude de se faire obéir des chiens, même des chiens qu'elle ne connaît pas. Mais un chat c'est différent.

-- Mais non, Canard et moi on s'entend très bien.

Mais pourtant, Canard ne renverse pas le bol. Parce qu'elle le repousse et le garde à distance. Elle ne le relâche que lorsqu'elle se relève. Elle se retourne et voit Frank affalé sur son divan lit. Elle a un gloussement amusée.

-- Comment tu sais que je suis très jolie dans une de tes chemises ? Je n'ai jamais porté une de tes chemises, Frank. Sauf peut-être quand j'avais 6 ans. C'était une de t'es chemises d'uniforme. Errol était le criminel et Linus la victime, comme ça il pouvait étudier sans se faire chier, raconte-t-elle en s'asseyant sur le rebord du lit. Une des rare fois où tu as malheureusement hérité de nous.

Nouveau message

Expéditeur: Unknown
Destinataire: Heather S. Spencer
Message reçu, aujourd'hui.

Tu as une si bonne mémoire pour te rappeler exactement de tes six ans ? Parce que ce vieux Frank en qui tu fais follement confiance, tu ne le connais pas si bien, crois-moi. On peut être un accroc aux femmes sans insister pour être celui à déshabiller une gamine de six ans. Mais tu ne veux pas comprendre ! Peut-être que quand ça se reproduira avec le bébé braillard de ton cousin, tu saisiras enfin !
-S

Errol, Linus, Hetty, Terrie, Nigel, Evelyn, Theresa et… Frank. Tous les enfants jouent à imiter les adultes. Ceux-là jouaient aux flics, évidemment.

Frank sourit dans le noir parce que personne ne pouvait le voir. C’était un bon souvenir. L’une de ses missions les plus périlleuses. Parce qu’on pouvait très bien se passer du stagiaire Wilcox à la parade. Aligner celui-ci avec les autres faisait mal paraitre toute la relève. On voyait juste à son expression qu’il n’avait rien à faire là. Benjamin Powell paraissait beaucoup mieux en tête d’affiche. S’occuper des enfants pendant que tout le monde se pavanait en uniforme devant la ville et son maire lui avait été imposé comme un devoir professionnel. Il avait tempêté, hurlé, fracassé quelques meubles, menacé Michael, mais Ben l'avait calmé en ajoutant ses filles à la bande. Ben le calmait toujours

Il avait toujours adoré les gamins. Il en était un lui-même… Il avait fallu des années pour lui faire porter des chemises.

- Je n’ai pas besoin de t’avoir déjà vu porter l’une de mes chemises pour être capable de me l’imaginer, ricana-t-il…

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Ft. Frank Wilcox

C'est un agréable souvenir. Jouer au flic a été répétés maintes et maintes fois, dans divers lieux, mais habituellement chez les Spencer ou chez les Chatwood. Jouer au flic et au voleur chez Frank était mémorable, parce que Frank a toujours occupé une pièce et demi. Tous les enfants dans cette pièce et demi avait été mouvementé et il n’y avait pas beaucoup de place pour les poursuites. Et pourtant, ils avaient réussit à bien s’amuser.

Tout comme la réplique de Frank qui la fait, encore une fois, glousser d’amusement.

-- Et tu m’imagine dans laquelle de tes chemises ? Celle avec des palmiers ? s’amuse-t-elle.

Son téléphone vibre dans sa poche et elle y jette un coup d’oeil, croyant tout d’abord que c’est Saff, pour connaître l’état de sa réserve d’alcool, mais ce n’est pas Saff. Non, c’est ce gros connard de -S. Elle n’a jamais apprécié -S et ses actions. Encore moins depuis qu’elle a faillit être accusée de complicité dans la disparition de Peter. Mais le pire, c’est quand il a osé s’attaquer à Zeus. Ça, elle ne lui pardonnera jamais et elle lui voue une rancoeur tenace. Si jamais elle chope, -S ou sa Team, elle va carrément leur faire la peau. Avec un agacement visible, elle range son téléphone dans sa poche arrière.

-- Toi, tu devrais te déshabiller, tu dormirais mieux que tout habillé, dit-elle en tentant de cacher son agacement.

Ce qu’insinue -S est parfaitement abjecte. Quelqu’un d’autre aurait pu avoir des doutes, mais Hetty connaît Frank depuis toujours. -S est un parfait crétin pour insinuer quelque chose du genre.

--Tu veux que je t’appelle demain pour te réveiller ?

Et également savoir si tout va bien.

- La bleu… Celle qui fait ressortir tes yeux, ma biche… plaisanta Frank…

Un pied sur l’autre, frank fit tomber ses bottes sur le plancher et se retourna sur le dos. Il passa un bras derrière sa tête et tendit l’autre pour lui caresser le poignet.

- Si j’avais 20ans de moins, et que je n'étais pas le bon garçon que je suis, je te proposerais même de m’aider à y remédier… poursuivit-il d’un ton salace lorsqu’elle parla de se déshabiller. Lorsqu’elle fit mine de se lever il lui attrapa la main. Mais je dormirais mieux si je ne te savais pas dehors toute seule à cette heure de la nuit… Ce n’est pas sûr…

Il pensait à Terrie en particulier. Il pensait à cet ivrogne irresponsable de Savannah. Il pensait aux O’leary et pas à Saffron. Il pensait à –S aussi. Heather Spencer était l’enfant chérie de Lewiston. Rayonnante et chaleureuse comme un soleil d’été. Elle était trésor précieux et de grande valeur.

- Tu pourrais rester. Je te ferai une petite place comme lorsque tu étais enfant. Je te borderai et tu pourras me réveiller demain. Je travaille à 9h…

Frank était insomniaque. Il l’avait toujours été. On l’avait surpris à de nombreuse reprise à écouter les ondes de la radio police la nuit. L’amoncellement de romans bon marché qui s’accumulait en haute pile dans son appartement en disait également long sur ses activités nocturnes. Et pour achever son invitation, il se décala sur le matelas et tapota la place à côté de lui.

- Décide-toi vite, Canard ne te laissera aucune chance…

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Ft. Frank Wilcox

Ce qui est bien avec Frank, c'est qu'il a de la répartie et leur complicité est telle qu'une conversation de ce genre ne les intimidait ni l'un ni l'autre.

- Si tu n'étais pas un aussi bon garçon, ou si tu étais encore plus ivre, tu n'aurais pas à me le proposer, dit-elle, tout sourire, avant de se préparer à partir, mais il la retient. Elle l'observe un moment et hoche la tête. Je suis une grande fille, tu sais, je sais me défendre, tente-t-elle de le rassurer.

Parce qu'elle voit bien que Frank est inquiet. Elle ne sait pas encore ce qui se passe dans la tête de Frank, mais elle ne se souvient pas de l'avoir vu aussi inquiet, sauf peut-être lorsque Linus disparaissait des semaines entières et que tout le monde, sans le dire, redoutait de ne retrouver que son cadavre quelque part. Mais Frank insiste. Ce n'est pas son genre d'insister. Frank sait très bien qu'elle sait se défendre. Peut-être est-ce parce qu,il n'est pas sobre qu'il insiste et semble aussi inquiet. Et c'est sans doute parce que justement, il n'est pas sobre que Hetty s'inquiète aussi. Elle se déchausse et retire ses chaussettes, parce qu'elle est incapable de dormir avec des chaussettes.

- Si tu crois que je vais laisser une chance à Canard, dit-elle sur un ton de défi.

Hetty a toujours été une affectueuse. Toute jeune, elle tendait les bras au premier venu. Frank n'avait pas fait exception. Curieuse, hyperactive et inépuisable, la petite fille qu'était Hetty avait pourtant finit de nombreuses soirées de famille endormie tout contre Frank. Puis Hetty avait grandit et elle avait passé l'âge de s'endormir avant que toutes la visite ne soit repartie. Mais ce soir il n'y avait pas de visite.

- Mais il faudra me faire plus de place que ça, parce que je ne suis plus une petite fille, annonce-t-elle en poussant légèrement Frank pour se faire une place qui n'implique pas l'armature en métal du lit. Et lorsqu'elle estime que ça lui suffit, elle se blottie contre Frank, la tête sur son épaule et lui passe un bras au travers la poitrine. Voilà, je ne suis ni dehors, ni toute seule à cette heure de la nuit. Tu peux dormir.

Frank prit une profonde inspiration et poussa un long soupir de satisfaction.

- Prend ça dans les dents, Malone… persifla-t-il avec bonne humeur en la serrant plus étroitement dans ses bras.

Oh non, il ne raconterait ce moment privilégié à personne. Ça lui appartenait à lui, à elle. Et bien qu’elle ignora tout de ce qui se jouait dans son esprit, il le lui révéla à mot couvert.

- Tu connais Tennyson, Hetty? Il lui caressa le dos d’une main pesante. C’est une vieille loque anglaise… Il a écrit un poème sur Ulysse qui en s'embarquant pour sa dernière traversée, décrit sa nostalgie pour la quête d'aventure et de savoir qui était jusque-là toute sa vie. Il dit :

Des cœurs héroïques et d'une même trempe,
Affaiblis par le temps et le destin,
Mais forts par la volonté
De chercher, lutter, trouver et ne rien céder.

Un insomniaque ivre qui bavarde poésie la nuit… Cela aurait pu être un précieux souvenir mais ce serait un secret. Parce que Frank avait pris sa décision. Ne rien céder.

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Ft. Frank Wilcox

Dans le cou de Frank, elle relève la tête.

- Quoi Malone ? Qu'est-ce qu'il a avec Connor ?

Pourquoi il parle de Connor ? Là ? Maintenant ? Et il enchaîne sur un type, un anglais. Non, elle ne le connaît pas. Mais elle connait Ulysse par contre.

- Non, je ne le connais pas, avoue-t-elle. C'est très joli. C'est l'inspiration des flics, c'est ça ? demande-telle avec le ton un peu plus aiguë qu'elle utilise souvent suivi d'un gloussement lorsqu'on lui répond.

Frank évita de lui répondre au sujet de Malone. Égoïstement parce qu’il préférait qu’elle ne pense pas à lui… Il souhaitait l’endormir… Endormir son esprit, sa vigilance.

- L’inspiration des flics c’est surtout de protéger et servir. Ils se basent sur les lois qu’ils font respecter. Tu sais bien que les mots ‘respect des lois’ et ‘Wilcox’ s’excluent mutuellement. En ceci je n’ai jamais été un bon flic. Powell est le bon flic.

De chercher, lutter, trouver et ne rien céder. Il les découvrirait tous et il n’en subsisterait aucun. Ne rien céder. Frank ne céderait jamais Hetty à personne. Passer la nuit à veiller sur Hetty, à la regarder dormir... Une perspective réjouissante.

- Dors, ma biche, je veillerai sur toi…

Frank compta chacune de ses respirations. Guetta ses rêves. Observa son sang pulser sous sa peau. Non, il ne céderait pas. Parce que nous sommes ce que nous sommes. Et parce que Frank Wilcox n'était pas un bon flic.

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Ft. Frank Wilcox

Elle. n'insiste pas au sujet de Connor. Ça ne concerne qu'elle et Connor après tout. Si Hetty est bavarde sur plein de sujets, ses amants elle les garde pour elle. Terrie a peut-être eu quelques détails croustillants. Elle est sa meilleure amie après tout. Pour le reste, elle le garde pour elle. C'est entre eux et elle. Chacun ses particularités, chacun ses avantages, chacun ses inconvénients, chacun ses plaisirs. Elle les affectionne tous chacun à leur manière.

Comme son ton l’indique, elle glousse lorsqu'il lui répond. Va savoir si c'est seulement parce qu'elle l'avait pré u pu parce que Powell est effectivement le bon flic. Et aussi parce que glousser endormait la vigilance de la plupart des gens. Et parce que Frank est ivre. Et parce que Hetty n’a jamais eu de difficultés à apprivoiser les chiens les plus belliqueux. La preuve, elle est blottie contre lui deux, en toute confiance.

- Je sais, murmure-t-elle.

Mais qui veillera sur Frank ? Elle n'est pas obligée de le lui dire.