when mother says...

jade et vidal

Elle marche, suivit du regard par les habitants dans leur jardin, surveillée par sa mère. Ce sont ses premiers pas, en dehors de son quartier, seule. Plus ou moins. Elle a peur. Mais moins que ce qui pourrait se passer si elle ne fait rien. Elle ne montre rien, ne laisse rien voir aux autres, garde pour elle ce qui l'inquiète. Sa mère n'est pas non plus une confidente. Elle n'est pas non plus une amie. Elle est sans aucun doute seule dans son malheur. Tout le monde semble avoir quelque chose à dire sur elle. Mais personne ne semble avoir quelque chose à lui dire à elle. Elle est seule. Elle marche lentement comme si chaque pas lui coûtait. Elle a laissé la voiture, et sa mère, plus loin dans la rue. Le premier pas vers l'indépendance sans doute.

Il fait beau aujourd'hui, presque chaud mais les regards paraissent la heurter. Elle resserre les pans de son châle pour toute protection et s'arrête devant le portail. Elle voit à peine la villa de sa position. Elle semble hésiter. Doit-elle sonner ? Elle ne connaît pas vraiment cette famille, du moins pas que l'on sache. Il n'y a que Jade qui lui soit familière. Un souvenir toutefois si lointain que sa mère a du le lui remémorer. Tout ce qui a pu se passer avant reste flou. C'est ce qu'elle a dit aux médecins, au psychiatre et à ses parents. Elle a la sensation d'avoir une nouvelle vie. Elle se reconnait à peine dans ce que décrivent ses parents. Elle se sent vide. C'était tout ce qu'elle avait pu exprimer. Elle gardait pour elle tout ce qui n'était pas dit. Son histoire. Ses quelques dernières années lui étaient encore personnelles. Sa mère avait insisté pour que les interrogations de la police soient reportées. Mais il serait bientôt temps de se confier. Et que pourrait-elle dire alors ? Seule elle le sait.

Elle attendait devant cette grille, cette barrière au but que sa mère lui avait donné. Elle le lui avait dit, elle ne saurait pas quoi dire de toute façon. Mais quand Bethany voulait quelque chose, elle l'obtenait toujours. Au moins pour une partie ...

Jade. Elle la vit au loin. Marchait-elle par ici ou se promenait-elle dans les jardins ? Enfin, elle trouva le courage d'appuyer sur la sonnette en tremblant. Un premier pas vers la civilisation.

When mother says ...

Jade & Vidal

- « Be faithful in small things because it is in them that your strength lies. » ▽ (Mother Teresa)

Lorsqu'on a un cadavre caché dans son placard, que fait-on lorsqu'une tornade détruit la maison où se trouve le dit placard ? Siri ou Google pourrait répondre à cette question existentielle, mais Jade n'avait guerre l'esprit à y penser. Lorsqu'elle comprit que la raison pour laquelle elle et sa famille avait élu domicile chez les Stark était que leur chez eux était inhabitable, une pensée lui vint immédiatement à l'esprit. Une crainte s'éveillait au plus profond d'elle-même. Profitant d'un moment d'inattention de sa famille, elle s'était faufilé hors de la villa Stark, n’omettant pas de prendre sa besace et son précieux contenu avec elle. Par peur d'oublier la raison de cette escapade, elle avait même prit le temps de griffonner au stylo noir sur son poignet droit : « Keep IT safe ». « IT », elle savait de quoi il s’agissait. Impossible qu'elle oublie. Comment pourrait-elle l'oublier ?

Il ne fut pas difficile pour la fille aînée des Thorn de sortir de la propriété des Stark. Bien qu'elle ait toujours été une jeune fille obéissante et respectable, Dieu sait combien de fois elle avait bien pu grimper par dessus arbres et plantes grimpantes. Sauter par les fenêtres d'un étage supérieur, ou passé par dessus un mur, était devenu un véritable jeu d'enfant. Tout cela grâce (ou à cause, selon le point de vue), d'un personne, et de sa mauvaise influence qu'elle avait sur la Thorn. Afin d'éviter d'attirer l'attention, Jade prit soin de ne pas emprunter le boulevard, mais de passer par l'arrière des quelques maison qui séparait la villa des Stark de la maison des Thorn. Pour des cousins qui s'ignoraient il y a encore quelques années, ils vivaient réellement très près. Ce que le destin peut faire des choix étranges par moment.

Arrivée sur les lieux, Jade dû se rendre compte que sa famille avait bien raison. Sa chère maison, rénové par son défunt grand-père, et qui lui tenait tant à cœur, était bien inhabitable. Méconnaissable, il n'en restait que des miettes éparpillés ici et là. Comment allait-elle la retrouver ? Et si elle n'était plus là ? L'avait-elle déjà mise à l'abri, puis oublié ? Ou bien quelqu'un d'autre l'avait découvert ? C'est la gorge noué, et le cœur battant la chamane, que Jade fouilla ce qui restait de sa maison, là où semblaient reposer les morceaux de ce qui était sa chambre. A mesure que les minutes passait, et qu'elle ne trouvait toujours pas ce qu'elle cherchait, sa respiration s'accélérait, et son estomac se retournait. Et si elle n'était vraiment plus là ? Qu'allait-elle faire ? Où était-elle alors ? Elle sentit ses larmes couler quand, Dieu en soit reconnaissant, elle l'a trouva ! Sous un tas de planches brisées, elle reconnu le bleu si familier d'une vieille boîte à biscuit métallique. La jeune blonde se jeta dessus pour la sortir des décombres. Trop imprudente, elle se blessa à plusieurs reprises les mains d'égratignures et d'échardes. Le sang et les larmes coulaient, mais elle s'en fichait. A cet instant précis, elle était bien trop soulagé pour se soucier de la douleur. Elle serra la boîte à biscuit dans ses bras un instant, prenant le temps de reprendre son souffle, avant de se relever pour rentrer chez elle... Ah non. Elle n'avait plus de chez elle. Chez les Stark.

La jeune Thorn reprit le chemin qu'elle avait emprunté à l'allée, par l'arrière des maisons, puis regrimpa le grillage qui entourait la villa Stark. Elle eu plus de mal cette fois-ci : ses mains commençant à la faire souffrir. Comment allait-elle expliquer ses blessures ? Elle n'avait pas la tête à y penser. Trop occupée à réfléchir sur où elle pouvait bien mettre sa boîte de Pandore en sécurité. Elle allait retourner dans sa chambre par la fenêtre, perdue dans ses pensées, lorsqu'elle entendit la sonnette du portail résonner à l'intérieur de la villa, ce qui la fit sursauter. Il y avait quelqu'un à l'entrée ? Un coup d’œil en direction du lieu dit répondit à sa question, et quelle réponse ! Vidal Gallagher se trouvait là ! Jade fronça les sourcils, ne comprenant pas la situation. La fille de Mme et Mr. Gallagher n'était-elle pas porté disparue depuis des années, avec les autres... Elle tenta de se rappeler d'une quelconque mention de leur réapparition lorsqu'elle se souvint : elle était amnésique. Même si elle l'avait apprit, elle l'avait sûrement oublié. Comme si elle avait besoin que les morts reviennent à la vie maintenant. Elle avait peut-être écrit quelque part dans son journal que Vidal et ses amis avaient fait leur retour à la civilisation, avec une incroyable histoire impliquant des ours, des indiens, et autre, qui expliquerait leur soudaine disparition, mais ce n'était pas vraiment le moment de faire de la lecture.

Jade resserra soudainement son étreinte autour de la boîte à biscuit qu'elle avait gardé entre ses bras. Est-ce que Vidal l'avait vu grimper par dessus le grillage? L'avait-elle vu fouiller les décombres de sa maison ? Et si... Elle savait ? Non. Jade secoua la tête pour chasser cette pensée. Elle avait tendance à sombrer dans la paranoïa. Il n'y avait pas moyen que Vidal sache. Jade fourra rapidement la boîte métallique bleu au fond de sa sacoche de cuir, avant d'inspirer, puis d'aller à la rencontre de cette revenant, d'un pas mal assuré. Les bras serrés autour d'elle, lorsqu'elle arriva à portée de voix, elle salua la fille Gallagher : « Sa... Salut Vidal... » Elle jeta un coup d’œil inquiet vers la villa, se demandant si quelqu'un avait entendu sonner et sortir. « Euh... Tu es venue voir les Stark ? Je crois que Ginny est allée travailler... Puis Serah est... Euh... Là... Je pense... » mais elle se tût. Elle n'était même pas sûre de savoir qui était là. Les joies de l'amnésie.

(c) AMIANTE

TERMINÉ.