Toi t'es mort !

Elizabeth

S’il y avait un trait de caractère qui n’avait jamais changé et qui ne changera jamais chez Hyun-Su, c’était son art incomparable de se foutre dans la merde. S’il avait quitté la Corée du Sud, c’était parce qu’il s’était foutu tout seul dans la merde… S’il était à Lewiston, c’était juste pour éviter de se foutre dans la merde. Apparemment, la poisse l’accompagnera toujours où que ce soit. Le jeune Coréen avait jusqu’ici réussi à se sortir des situations assez improbables les unes après les autres. Sauf que cette fois-ci, cette situation, était peut-être l’une des pires parce qu’il n’avait absolument rien fait que de se retrouver au mauvais moment et au mauvais endroit à plusieurs reprises. La première fois, c’était au centre commercial, il avait croisé une jeune femme, il l’avait observée faire ses courses alors qu’il était attablé, avec son verre. Puis une autre fois, dans le parc, alors qu’il était venu avec Sally, la caissière de Forever 21. Il l’avait vue, ils avaient à nouveau croisé le regard… Celui de cette femme n’avait pas été plus chaleureux et elle avait vite quitté le parc.

Alors comme à son habitude, le Coréen s’était baladé dans la ville la nuit, parce qu’il n’arrivait pas à dormir. Cette fois-ci il ne se perdait pas ! Alors qu’il marchait tranquillement dans les rues, il vit une silhouette. Celle-ci s’était arrêté au milieu, Hyun-Sun ne pouvait pas la reconnaître à partir de la silhouette, encore il était environ deux heures du matin ! Puis elle avait reprit son chemin… Exactement celui qu’il comptait prendre pour rentrer chez lui ! Alors qu’il s’approchait tranquillement de la rue que la femme avait prit, avec les écouteurs de musique dans les oreilles, du K-Pop. Il ne savait pas du tout ce qui l’attendait dans le coin de la rue.

Toi t'es mort !

Hyun-Su et Elizabeth

Encore une nuit à décoller les chewing-gum de dessous les tables. Enfin. Quand vraiment il y en avait trop. Autrement, elle les laissait. C'était quand même dingue que ces jeunes ne soient pas capables d'un peu de propreté. De vrais porcs. C'était sans doute pour cette raison qu'elle n'hésitait pas à mettre le chewing-gum sur la chaise, prêt à l'emploi pour l'infortuné élève du lendemain. De quoi se payer une petite vengeance. Une chance. Son travail n'était vérifié que tous les mois. Elle pouvait se permettre ces petits écarts. Et puis c'était des petits blagues innocentes. Bon sang, ce qu'elle aimerait voir leur tête avec la gomme à mâcher collée au derrière. Mais elle n'avait pas le droit de venir la journée. C'était déjà assez de bonté de leur part que de la laisser travailler là avait-elle entendu. Côtoyer des enfants avec ses antécédents était plus que déconseillé. Elle eut un rire cynique. Comme si ça pouvait l'intéresser. Elle avait arrêté de s'intéresser à l'enfance dès lors qu'on lui avait arraché la sienne. Et s'il n'y avait pas des personnes comme cette petite Savannah pour venir lui rappeler son passé, sans doute aurait-elle tout fait pour l'oublier.

C'était en marchant pour rentrer qu'elle songea à cela, contente de pouvoir se jeter sur le lit et simplement penser. Parce que oui, vu l'heure, elle ne pensait plus pouvoir dormir. Simplement somnoler. Elle songeait déjà à rentrer chez elle avant que les premiers badauds ne sortent leurs poubelles quand elle eut la sensation d'être suivie. Tournant à l'angle, cette impression fugace la poursuivie et s'intensifia. La colère grimpa et elle se retourna d'un coup, attendant l'intrus à l'angle de la rue. S'il n'apparaissait pas, elle s'était faite des idées. S'il venait ... Et bien elle avait appris la bagarre en prison, ça ne lui faisait pas du tout peur. Quoiqu'il en soit, il était hors de question de laisser quelqu'un l'épier comme ça. Alors quand il apparut, car oui, elle nota que c'était un homme, elle le regarda avec beaucoup trop de méfiance et lui jeta : "Vous faites quoi là ? Vous me suivez ?" Politesse, politesse. Un oubli de plus dans ses règles de conduite.

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Elizabeth

Avec de la musique dans les oreilles ce n’était pas pratique pour la conversation. Même si le Coréen avait pu comprendre que la jeune femme l’avait attendu… Cette femme qui était passé sur la rue et qui avait prit la même direction que lui, en prenant de l’avance. Elle l’avait reconnu peut-être ? Parce que lui, il ne la reconnaissait pas tout de suite … Oui, pas tout de suite … Au moment où il était arrivé en face d’elle, à ce moment là où il s’était arrêté tout de suite afin de ne pas rentrer en elle. Il adopta une expression de surprise lorsqu’elle lui parla sèchement « Vous faites quoi là ? Vous me suivez ? » Hyun-Su fronça les sourcils et observa derrière lui. Avant de devoir enlever les écouteurs, il ne se focalisa pas sur le manque de politesse, bien qu’il semblait être pris de court parce qu’il ne s’attendait pas à une confrontation comme ça… Quoique, c’était peut-être mieux par rapport à sa rencontre avec la serveuse : Annie. « Heu … » Il n’avait pas particulièrement de raison pour marcher pendant la nuit. « Une insomnie… Je me balade en ville pour “me fatiguer“ et me vider un peu la tête… » Le pire dans tout ceci, c’était qu’il était vraiment surpris de la recroiser à nouveau, cette femme qu’il n’avait pas cessé de croiser son regard depuis quelques jours.


C’était vrai que les femmes quand elles rentraient tard la nuit, elles n’étaient pas du tout rassurées de devoir faire le chemin seules, mais la majorité étaient assez courageuses pour tenter de marcher dans les rues toutes seules, c’était encore mieux si elles savaient se défendre… Enfin, non le Coréen préférait de ne pas tester. Alors que la musique de K-Pop sortaient des écouteurs et étaient audibles malgré tout. Le quarantenaire sembla légèrement gêné par la question qu’il en haussa les épaules. « Non… Je ne vous suivais pas. C’est mon chemin même pour rentrer chez moi vous voyez… Pourquoi je vous suivrai ? » fit-il sans réellement réfléchir à la réponse que la jeune femme pourrait donner.

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Hyun-Su et Elizabeth

Etre suivie n'était pas vraiment dans ses habitudes. D'ordinaire il était plutôt question de l'éviter. Comme si elle avait la peste ou pire le choléra, bien que toute maladie contagieuse puisse se valoir dans son cas. C'était comme si elle allait les tuer rien qu'en marchant sur le même trottoir. L'avantage était sans doute que ça ne la touchait pas. Pas beaucoup du moins. Elle n'y pensait simplement pas. Non. Ce qui était dur, c'était les réflexions ou les chuchotements. Qu'on l'évite, c'était tant mieux. Elle était mieux seule. Mais les insultes ... c'était autre chose. Tout cela la rendait suffisamment mal. Elle avait eu dix ans pour y songer et s'y faire mais c'était différent d'affronter la réalité avec d'autres criminelles que de l'affronter avec des personnes ... normales. La seule qui avait pris son parti devait maintenant la détester au même titre que les autres mais en même temps ... Elle soupçonnait Sasha d'avoir voulu s'approcher d'elle pour obtenir plus de faits croustillants. Manque de chance, Elizabeth ne se vanterait jamais de ce qu'elle avait pu faire et n'en parlerait surtout pas ainsi. Elle n'avait pas suffisamment de souvenirs pour cela. Elle était apparemment destinée à ne jamais savoir si oui, ou non, elle avait vraiment fait ce pourquoi elle fut inculpée et écrouée. Selon elle et après onze ans de questionnements, oui mais selon la vérité ...

Quoiqu'il en soit, aujourd'hui, elle semblait être suivie. Et il ne fallait pas compter sur elle pour l'ignorer. Une insomnie, vraiment ? Il la prenait donc pour plus bête qu'elle ne l'était. Ce n'était pas parce qu'elle avait fait de la prison qu'elle avait une cervelle d'attardée ! Son semblant de rhétorique qui suivit l'agaça prodigieusement et elle s'approcha de lui avec des envies de meurtres, presque du moins. "Ne vous foutez pas de moi. C'est qui qui vous envoie ?! Vous avez vraiment pensé que je croirai qu'il s'agirait d'une coïncidence parce que vous avez démarré votre ... musique !" Elle allait s'éloigner mais revint sur ses pas. "Ça fait des jours que je ne vois que vous à chaque fois que je sors. Il n'y a pas de hasard. Si je vous recroise ... " Elle laissa la phrase en suspens. Elle avait failli se vendre. C'était trop facile, bien trop facile. Si elle le menaçait. Il pourrait porter plainte et adieu sa conditionnelle. Elle pouvait soupçonner tout un tas de gars mais l'adjoint du shérif ... il était certainement à l'origine de ça. "Vous portez un micro c'est ça ?!"

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Elizabeth

« Ne vous foutez pas de moi. C'est qui qui vous envoie ?! Vous avez vraiment pensé que je croirai qu'il s'agirait d'une coïncidence parce que vous avez démarré votre ... musique ! » « C’est du K-Pop ma musique hein. » Hyun-Su ou l’art de dire une petite bêtise qui n’avait rien à voir avec ce que la femme voulait parler. Oui, elle avait vraiment l’air d’être remontée, c’était vrai… Il y avait de quoi en plus, mais ce que le Coréen avait dit : une insomnie, c’était de la pure vérité ! Il n’en revenait pas qu’on ne le croyait pas. Bon après, c’était peut-être normal, il existait des femmes complètement parano et qui pouvaient le prendre pour un agresseur … Mais sérieusement ? Il avait la sale tête d’un agresseur ? Alors qu’il voulut reprendre, se sentant étrangement tendu … Alors qu’elle n’avait fait que s’éloigner et se rapprocher de lui « Ça fait des jours que je ne vois que vous à chaque fois que je sors. Il n'y a pas de hasard. Si je vous recroise … » La phrase était en suspend, alors que Su’ était en train de prendre l’expression qui incitait à la femme de continuer, elle reprit rapidement la parole… Et la question était la plus inattendue de toute. « Vous portez un micro c'est ça ?! » « … Quoi ? » Son visage traduisait son mode : What the fuck.

Oui c’était tellement what the fuck. Les gens pouvaient être parano quand ils marchaient dan les rues de Lewiston, assez tard… Courant le risque de rencontrer des inconnus pas net du tout. Mais sérieusement, Hyun-Su était un peu un gars qui disait par moment des conneries, il n’était pas une personne possédant des mauvaises intentions quand il était question de sortir pour régler son histoire d’insomnie. « Je … Quoi ? » Non, apparemment le Coréen n’avait pas l’air d’en revenir, cette femme lui demandait s’il portait un micro. « Mais vous êtes une sérial-killeuse poursuivie par le FBI ou quoi pour que vous me demandiez une pareille chose ? » Une pause, il reprit de plus belle en croisant les bras, tenant dans l’une des mains les écouteurs de l’I-Pod. « Et puis, je ne vous suivais pas, je ne vais pas dire que je suis désolé parce que c’est le hasard qui a décidé ainsi. »

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Hyun-Su et Elizabeth

Mais c'est qu'il la prenait vraiment pour une idiote. "Je m'en fou." Maugréa-t-elle à l'énonciation du genre de musique. Non mais franchement. Ça pouvait être la composition de l'année voire du siècle que ça ne changerait rien. Ce n'était pas comme si ça pouvait le disculper de quoique ce soit. Certaine de ne pas le croire quoiqu'il dise, elle continua à le regarder plutôt méchamment. Elle souffla ensuite devant l'air ahuri qu'il adopta. Il en faisait exprès. C'était forcément ça. Il voulait qu'elle s'énerve et fasse une belle bêtise. Ça n'arriverait pas. On ne pouvait pas être aussi crétin. Une deuxième question idiote et elle hésita à le regarder avec pitié. Sur quoi elle était tombé ? Le simplet du village ou quoi ? Ok. Soit elle s'était trompée et l'homme avait vraiment manqué de nutriments durant son enfance soit il jouait très bien son rôle. Elle décida d'attendre un peu avant de décider et de lui coller une étiquette.

"Exactement." Souffla-t-elle à son accusation semi-pertinente. L'homme était vraiment particulier. Vraiment. Simplet ou acteur hors-norme. L'un ou l'autre. Elle devait décider. Elle lâcha ensuite un sourire piteux. "Le hasard ... que c'est pratique." Elle voulait s'enfuir mais en même temps, il était hors de question qu'il continue à la suivre comme ça. Parce que oui, elle en était certaine. Ils se croisaient trop souvent pour que ce ne soit que du hasard. Paranoïaque et bien souvent avec raison. Elle ne réfléchit pas plus. "J'ai déjà payé ma dette à la société. Si vous et les autres imbéciles de cette ville êtes incapables de trouver autre chose à faire que de médire sur les autres, tant pis pour vous. Mais bordel, trouvez-vous une autre cible." Puis elle continua : "M'étonne pas qu'il y est un aussi fort taux de suicide si vous persécuter tout le monde comme ça ... Et arrêtez de parler d'insomnies. Vous seriez aller à la pharmacie du coin au lieu de vous promener dans un quartier résidentiel !"

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Elizabeth

Petit à petit, ce genre de situation l’énervait. Il se demandait quel était le problème avec elle. Elle ne cessait pas de le toiser du regard, comme si elle avait tout de suite deviné ses intentions après elle… Si elle était douée, elle saurait que Hyun-Su ne chercherait pas à faire quoi ce que ce soit avec elle et il voulait rentrer chez lui tout simplement ! Il ne la suivait pas ! Alors qu’il lui demanda mi-sérieux, mi-pas-sérieux-du-tout si elle faisait parti du groupe de terroriste, elle répondit un « Exactement » Était-ce ironique ? Il ne le savait pas, mais en guise de réponse il haussa les sourcils et prit un faux-air impressionné. « aaah… Non. Je ne fais pas parti du FBI ou de la CIA ou je ne sais quoi. Je suis juste un simple vendeur… » Un simple vendeur, ouch. Si elle savait détecter le mensonge chez les gens, Hyun-Su était plutôt mal barré, parce que bon… Il n’avait pas été un vendeur quand il était en Corée du Sud ! « Le hasard … Que c’est pratique. » « Ça a l’air surtout con, mais c’est vrai. » rétorqua-t-il rapidement, avec un air légèrement agacé, mais la suite n’allait pas arranger les choses « J'ai déjà payé ma dette à la société. » Ah oui ? À ces mots là, Hyun-Su comprit tout de suite de quoi il s’agissait, mais il n’était pas sûr de qui il s’agissait … ! « Si vous et les autres imbéciles de cette ville êtes incapables de trouver autre chose à faire que de médire sur les autres, tant pis pour vous. Mais bordel, trouvez-vous une autre cible. M'étonne pas qu'il y ai un aussi fort taux de suicide si vous persécutez tout le monde comme ça ... Et arrêtez de parler d'insomnies. Vous seriez aller à la pharmacie du coin au lieu de vous promener dans un quartier résidentiel ! » Là l’énervement se fit sentir chez le Coréen. « Mais … 하지만 를 위해 큰소리로 우는 (bordel de meeerde)…!!! Je ne suis pas en train de vous suivre ou de vous persécu.. je ne sais quoi ! » Il soupira et leva les yeux, plus sérieusement il lui dit d’une traite. « Vous vous faites souvent persécuter par tout le monde, ok je viens de comprendre. Je suis désolé de vous le dire, mais faudrait par moment ne pas croire que le monde entier est contre vous et que vous arrêtez de vous dire que moi de base - qui n’en ai rien à faire de cette histoire de commérages - je suis comme tout le monde. » une pause et il montra ses mains signe d’apaisement, qu’il ne cherchait pas un combat .. Bien qu’elle lui tapait un peu trop sur le système « Je suis pas en train de vous suivre, je suis pas du FBI, je porte pas de micro et je dénigre les gens qui s’amusent à parler des autres derrière le dos. » une autre pause… « Et puis les médicaments contre les insomnies ne sont pas bons pour moi. »

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Hyun-Su et Elizabeth

L'énervement et l'exaspération commençait à atteindre les deux partis. Elizabeth perdait patience. Qu'il avoue ! Ce serait plus simple. Elle se retenait de faire un geste malheureux et se récitait un mantra dans l'espoir de combattre son envie soudaine de répondre par la violence. C'était rarement la solution. Sans compter qu'elle n'avait pas eu d'écart aux règles de conduite depuis un moment, ce n'était pas le moment de flancher. C'était comme une drogue et l'abstinence était le seule remède. Un simple vendeur ... il avait l'air d'y croire si peu lui-même qu'elle en tira un sourire goguenard.

La tirade qui ne tarda pas à suivre, à défaut de l'impressionner, stoppa néanmoins toute réplique. Elle écouta et jugea. C'était fait. Jugé. Classé. Peut-être n'était-il pas là contre elle. Sans doute était-il idiot. Plus encore, il avait l'air d'un con. "Si vous croyez impressionner votre monde en parlant coréen ... vous vous êtes trompé de cliente." Elle ne semblait plus vraiment énervée mais n'allait encore rien laisser passer. Elle était bien réveillée et son envie de rentrer avait subitement cessé quand elle s'était crue suivie. "Donc ... vous êtes étranger ... ça ne change rien. Personne n'en a jamais rien à faire. Tout le monde a toujours un avis sur la question. C'est comme ça. Vous ne faites pas exception." On aurait presque pu croire à une conversation normale si ce n'était qu'elle pouvait toujours sembler lui bloquer la route. "Vous êtes vraiment dans la mauvaise ville ... ça va vous en faire du monde à dénigrer ..." avant de terminer : "Ce qui est tout de même étrange, c'est que souvent, les insomnies surviennent quand on a quelque chose à se reprocher ... des choses à cacher Monsieur K-Pop ?" Là, clairement, elle mettait les pieds dans le plat. Mais la chose à savoir c'est qu'elle avait oublié depuis bien longtemps ce qu'étai, faire des excuses et bien sûr, ne pensait plus devoir traiter tout le monde de façon normale. De toute façon, elle en était un peu incapable. Elle posa donc cette question, montrant du même coup que personne n'était totalement innocent.

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Elizabeth

« Si vous croyez impressionner votre monde en parlant coréen ... vous vous êtes trompé de cliente. » Il se retint de faire un rictus, parce que ce n’était pas du tout pour l’impressionner, c’était un réflexe à lui qu’il n’arrivait pas à enlever. Au moins, elle connaissait le Coréen, il s’était empêché de lui dire ça en pleine face, mais non ce ne serait pas une bonne idée. « Non, ce n’était pas le but. » Il fit un faux sourire qui durait quelques secondes, avant de devoir bouger un peu les pieds. Écoutant la jeune femme. « Donc ... vous êtes étranger ... ça ne change rien. Personne n'en a jamais rien à faire. Tout le monde a toujours un avis sur la question. C'est comme ça. Vous ne faites pas exception. » Le Coréen la regarda et voulu lui répondre, mais c’était encore elle qui continua à parler. « Vous êtes vraiment dans la mauvaise ville ... ça va vous en faire du monde à dénigrer .. » Il soupira en guise de réponse, alors que la suite arriva. Cette suite à laquelle il ne s’attendit pas. « Ce qui est tout de même étrange, c'est que souvent, les insomnies surviennent quand on a quelque chose à se reprocher ... des choses à cacher Monsieur K-Pop ? » Hyun-Su fut surpris et ça se voyait carrément, avant de se reprendre pour finalement lui dire d’une voix calme, assez maitrisée. « On a tous des choses à cacher. Et chacun à sa façon de gérer les choses. » Une pause, il rangea les écouteurs dans la poche, ne prenant pas la peine d’éteindre la musique. « Ça peut m’en faire du monde à dénigrer, mais je sais que si je fais comme si rien n’était et que je leur montre que je m’en fous, ils arrêteront parce que ça ne fera pas vraiment effet. Par contre, si on réagit, forcément qu’ils vont continuer et encore ils prendront le plaisir d’aggraver les choses. » Alors que les mauvais souvenirs de Hyun-Su refaisaient surface à nouveau, se rappelant pourquoi il n’arrivait pas à dormir en ce moment. « Vous avez fait de la prison c’est ça ? » Il ne montra pas la crainte, il ne montra pas le dégoût. Il faisait comme si ça lui semblait être normal. Il avait déjà vu d’un oeil extérieur un ami sortir de la prison et le quotidien qu’il vivait tout les jours en était insupportable

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Hyun-Su et Elizabeth

Ce qui était étonnant, c'était que les répliques de l'asiatique faisait sens dans l'esprit d'Elizabeth mais elle refusait d'y prêter plus d'attentions que ça. Aucune perte de temps en réflexion inutile, bien que pour le coup, cela aurait pu faire la différence. Mais non. L'intrus semblait prendre pour tous ceux qui pouvaient se montrer mauvais et méprisant. Il se trouvait être le bouc-émissaire. Elle réalisait pourtant qu'il était sans doute juste un idiot de passage, au mauvais endroit au mauvais moment.

Tous quelque chose à cacher ... Évidemment. Elle n'avait pas besoin de le lui confirmer. Il ne manquerait plus qu'il la conforte dans l'idée qu'il percevait ce qu'elle cachait et elle pourrait à nouveau devenir suspicieuse. Au lieu de ça, il continua à exprimer ce qui faisait sens et à raisonner plus convenablement qu'elle. "Ah ouais ... je suis plutôt sceptique à l'idée. Il y a aussi ceux qui ignorent les choses et pour qui rien ne s'arrange. Deux poids, deux mesures ..." Était-elle calmée ou voulait-elle encore affirmer son opinion comme la seule vérité appréciable ? Quoiqu'il en soit, la question suivante lui donna l'occasion de fixer l'inconnu, de le jauger à nouveau. Rester calme. Rester calme et ne pas s'emporter. Ne pas présumer. Ne pas agresser. Ne pas suspecter avant de ... "Comment savez-vous ça ?" On avait dit quoi déjà ? Ne pas agresser ? Loupé. Et bien. Pour y répondre avant lui, plusieurs hypothèses possibles. Les gens parlaient entre eux et même s'il prétendait ne pas savoir qui elle était, il pouvait mentir. Autrement dit, tout ce qu'il avait pu dire était faux et c'était retour à la case départ. Ou bien, il l'avait deviné. Peut-être était-il plus observateur qu'autre chose ou bien encore parlait-il d'expérience bien qu'Elizabeth en doutait.

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Elizabeth

Les choses n’allaient pas être faciles pour le Coréen. Il ne s’était pas du tout attendu à ce genre de confrontation et tout se compliquait. Pourtant, il gardait toute sa tête et il donnait des arguments plus ou moins valables pour lui, ils étaient partis dans un débat de comment ignorer les commères. Elle disait d’être sceptique à l’idée qu’il venait de lui donner, car il y avait une autre option qui pouvait exister. Le Coréen haussa les épaules avec un léger soupir « Peut-être que vous avez raison, jusqu’ici je n’ai pas vraiment entendu des rumeurs me concernant .. Sauf comme quoi, je viens de la Corée du Sud pour fuir les autorités Coréennes… » Il sourit un peu, comme si ce genre de rumeur l’amusait, parce que c’était faux bien sûr ! Bien sûr qu’il avait ignoré ceci et que quand on lui avait posé la question, il avait réagi normalement. « En réalité, la rumeur n’intéresse pas les gens. C’est la réaction du concerné : quand il réagit un peu trop vivement et qu’il essaye d’étouffer la rumeur. Là, ça devient intéressant. Car venant de la réaction de la personne : ça vient à confirmer que la rumeur est vraie. C’est encore pire s’il y a une preuve. » Une pause, il réfléchit et soupira. « Après, je ne vous connais pas, je ne sais même pas qui vous êtes et ce que vous avez fait. » Et il haussa les épaules, mine de rien. C’était plus ou moins comme ça que Hyun-Su fonctionnait, il réussissait à faire taire quelques rumeurs le concernant et puis, il y en avait d’autres dont il n’était pas au courant.

« Comment savez-vous ça ? » « Vous l’avez dis vous-même. » fit-il du tac au tac. Comme s’il s’attendait un peu à une petite agression de sa part. « Tout à l’heure, vous m’aviez demandé si je portais un micro. Votre comportement paranoïaque qui vous fait croire que je vous suivais. Puis cette haine envers les gens de cette ville. De ne plus savoir faire confiance à qui ce que ce soit, des amis qui n’en sont pas vraiment. Ça se sent… » Il soupira à nouveau déjà exaspéré par sa réponse. Il dit tout d’une traite, bien que l’accent Coréen le trahissait par moment et qui faisait qu’il était un peu difficile à le comprendre. « J’ai déjà côtoyé ce genre de personne, j’ai eu un ami - si on peut dire ça - qui a passé quelques années en prison pour un détournement d’argent d’une entreprise et à peine qu’il est sorti. Il s’est vite rendu compte qu’il était mieux en prison que d’être en liberté. »

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Hyun-Su et Elizabeth

Fuir les autorités coréennes ? Même si c'était le cas, ce ne serait pas quelque chose qui dérangerait Elizabeth. Si elle jugeait les gens, elle en restait malgré tout tolérante avec ceux qui faisaient des erreurs ou qui rencontraient des problèmes avec l'autorité. Pas qu'elle se sente particulièrement à voir et défier l'ordre établi mais depuis son emprisonnement, elle était bien moins exigeante. Son seul problème à ce jour restait sa haine envers les riches. Plus riches que riches. Comme si les millions en banque leur étaient utiles. Surtout qu'avec eux, rien n'était jamais suffisant.
Elle écouta ensuite ce que l'asiatique lui disait en se retenant de ricaner. Ainsi, il ne la connaissait vraiment pas. Parce que des preuves, il y en avait. Des articles de presse comme la tombe de quelqu'un. "Pour le savoir, il vous suffira de deux cliques sur internet ..." Dit-elle résignée. Parce que oui, il n'était pas difficile de savoir qui elle était. Même en parcourant les commentaires laissés sur le site de la ville, elle trouvait son nom. La plupart des gens se plaignant bien évidemment de sa présence. Elle avait purgé sa peine, qu'ils la laissent en paix !

Elle le suspecta à nouveau lorsqu'il lui parla de la prison et elle lança un regard sceptique au fait qu'elle le lui aurait dit. Vraiment, ce n'était pas son genre de confier ça à un inconnu encore plus lorsqu'il était suspect. Il s'empressa presque de compléter sa réponse se doutant sans doute qu'elle démentirait et l'accuserait à nouveau de jouer à un sale jeu avec elle. Elizabeth tenta de tout comprendre et de garder la tête froide... ça se sentait qu'il disait. Il aurait du voir les autres, à la prison... Son avis aurait sans doute changer. Ces femmes-là ne recherchaient même pas les amis, ne se cachaient pas, assumaient parfaitement ce qu'elle avaient fait sans l'ombre d'un remord, d'un doute ou de quoique ce soit qui les rendait encore tolérables pour la société. Si les gens savaient ... "Ce n'est ..." Quoi ? Qu'allait-elle dire ? Que ce n'était pas si grave le détournement d'argent ? Dans un rapport normal à la légalité, bien évidemment que si. Mais Elizabeth avait franchi le cran au dessus. "Vous vous imaginez qu'on va converser gentiment sur les bons et les mauvais côtés de la prison ? Personnellement je ne vois pas la différence... Se trouver rejeté n'est pas une nouveauté. Votre ami a eu de la chance, ça devait sans doute être une maison de redressement plutôt qu'une prison de haute sécurité..." Elle essayait de sous-entendre qu'il devrait partir qu'une prison de haute sécurité n'avait jamais été un endroit où les crimes minimes étaient punis. "Vous devriez partir avant que quelqu'un vous voit avec moi. En plus de ces rumeurs de fuite de votre pays vous risqueriez d'être accusé de préparer une opération illégale avec une criminelle."

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Elizabeth

Alors qu’il venait de finir sa phrase, qui avait plus ou moins demandé de l’effort pour réfléchir, la jeune femme ne tarda donc pas à répondre « Vous vous imaginez qu'on va converser gentiment sur les bons et les mauvais côtés de la prison ? » Il haussa les épaules en guise de réponse, bon c’était vrai qu’il avait un peu l’air bête en faisant comme ça. « Personnellement je ne vois pas la différence... Se trouver rejeté n'est pas une nouveauté. Votre ami a eu de la chance, ça devait sans doute être une maison de redressement plutôt qu'une prison de haute sécurité.. » « Si vous saviez… » fit-il en soupirant. C’était quand même assez rare que les gens réussissent à s’en sortir même pour les conditions graves. Hyun-Su ne s’attarda pas vraiment là-dessus et l’autre femme non plus. Elle lui annonça finalement « Vous devriez partir avant que quelqu'un vous voit avec moi. En plus de ces rumeurs de fuite de votre pays vous risqueriez d'être accusé de préparer une opération illégale avec une criminelle » Sullivan se mit à sourire amusé par cette idée de rumeur. « Personne ne se balade dans ce coin durant cette nuit. » Il fit un pas en arrière, comme s’il allait vraiment la quitter. « Puis, on m’a déjà lancé une rumeur comme quoi je préparais un coup de la prise au pouvoir de la ville avec un Roumain. Donc franchement, ça change pas la donne je trouve. » Oui oui, il y avait bien un Roumain dans cette ville ! Il s’arrêta dans ses pas et lui fit un léger signe du menton. « Quel est votre nom ? » Une pause, le temps qu’il voit sa tête. Hyun-Su se mit à soupirer. « Quoi ? Je vous jure, je vous connais vraiment pas ! » Peut-être qu’il avait déjà entendu parler d’elle par un prénom. Peut-être que ça lui reviendra en mémoire, mais dans tout les cas, que cette personne ait fait de la prison ou pas. Il s’en foutait. « Je suis Hyun-Su, mais vous pouvez m’appeler Sullivan. » Il fit un léger sourire avant de reprendre les écouteurs de son lecteur et de lui tourner le dos pour commencer à marcher. Il s’éloignait d’elle et franchement … Il ne s’attendait pas à une telle rencontre comme ça et de cette tournure là. Mais ça le faisait un peu sourire, parce que finalement. Il avait la sensation de ne pas être si seul que ça dans cette ville.

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Hyun-Su et Elizabeth

Personne vraiment ? A part lui bien évidemment. "A part vous ..." Crut-elle bon de préciser, sa phrase étouffée par la reprise de parole de l'homme. Une autre rumeur sur son compte ? Le pauvre n'avait franchement pas de chance ou alors inventait au fur et à mesure. Quoiqu'il en soit, c'était assez amusant de voir ce qu'il pouvait trouver ou ce que les autres imaginaient. Tout le problème des petites villes s'était-elle persuadée. Elle devrait vraiment penser à changer de ville dès que sa conditionnelle prendrait fin, revenir à Boston ou ailleurs. Elle avait toujours voulu aller dans les Etats du Sud, elle verrait bien. Il y avait encore du temps avant que cela se produise. Elle regrettait vraiment sa décision de venir ici, d'apprendre ce qu'elle avait appris sur sa propre vie et ne rien pouvoir faire d'autre que de passer devant le cimetière sans trouver le courage d'y entrer. Faible femme.

Son nom ? Elle avait été prise un instant dans ce qui constituait les ratés de sa vie et reprenait la conversation en cours de route. Elle haussa alors un sourcil comme si c'était évident. Vraiment ne le savait-il pas ? Elle n'était pas encore assurée qu'il ne soit pas là pour lui jouer un sale tour mais du reconnaître que dans ce cas de figure, il était vraiment un bon comédien. "Elizabeth." Dit-elle confirmant peut-être ce qu'il savait ou simplement en énonçant un prénom comme un autre. Il se présenta à son tour comme toute conclusion à cette conversation étrange au milieu de la nuit et de la rue. Elle se sentit d'un coup lésée. C'était d'ordinaire elle qui terminait la conversation et non les autres. Elle qui partait ou fuyait et non pas les autres qui décidaient de la fin. S'en était presque dérangeant. Mais en le voyant disparaître à l'angle de la rue, elle ne fit que hausser les épaules avant de tourner les talons pour rentrer chez elle. C'était qu'elle avait encore du chemin à faire. Étrangement, elle retiendrait cette rencontre avec Hyun-Su parmi les bonnes rencontres, ne serait-ce que parce qu'il ne lui avait pas reproché son passé à aucun moment.

Terminé et verrouillé.