No act of kindness is ever wasted.

Imogen

Le docteur Grant avait dû froncer les sourcils, mais il n’avait vraiment rien dit parce qu’il ne voulait pas se mêler à cette conversation. Il faisait juste son travail et malheureusement, il ne pouvait pas s’empêcher de tout entendre et de rire intérieurement de la situation. Parler de cuisine. Peut-être que c’était un excellent moyen d’oublier la situation actuelle, dans tout les cas ça marchait très bien pour Hyun-Su qui avait carrément oublié qu’il avait une main ouverte et qu’il allait avoir des points de suture. Alors que ce dernier était en train de lui dire qu’il pourrait donner des conseils, des idées sur comment progresser dans la cuisine et Imogen s’emballa, toute ravie. « C'est vrai ? » Il hocha la tête assez silencieusement, avec un sourire. « Ce serait génial ! Vous devez avoir les meilleures combines pour trouver ce qu'il faut et tout savoir sur la cuisine chinoise. » Le coréen haussa les sourcils et crut comprendre un sous-entendu, il lui lança un regard interrogateur. « Je ne dit pas ça parce que vous êtes ... mais vous avez l'air d'y connaître quelque chose. Je ne voulais pas insinuer que parce que vous venez de là-bas, du même ... coin vous êtes forcément plus doué. Je ne dis pas que vous ne l'êtes pas non plus, non non ce n'est pas ça. » « Hmhm.  » Il s’amusait à la voir comment elle s’embrouillait dans les paroles, elle était peut-être maladroite, mais elle l’amusait à se contredire toute seule. Son sourire disparut dès qu’il entendit un « Désolée. » « Mais raaaaah. » « Je m’embrouille assez souvent dans ce que… » Hyun-Su chercha à côté de lui et vit qu’il avait un paquet de mouchoir dans sa main libre. Alors il le lança à la direction d’Imogen. « …je veux dire. Je … » Le mouchoir passa à côté d’Imogen, pour arrêter la course sur l’épaule du docteur Warren qui venait d’entrer. « Mais je vous ai dis quoi pour le mot … » Il suspendit sa phrase, en baisant le ton le temps qu’il comprenne sa bêtise. Déjà il n’était pas gaucher pour le lancer du paquet de mouchoir et encore il devait le lancer sans bouger la main droite…. mais le pire dans tout ceci c’était qu’il l’avait lancé à un médecin.. Un minuscule paquet de mouchoir qui était destiné à Imogen qui venait de dire le mot fatidique « …Désolé docteur Warren… Ce paquet ne vous était nullement destiné. » Mais le docteur avait de l’humour. Heureusement, il en rigolait et ça ne l’avait pas mis en colère, au contraire… Il blaguait là-dessus et commença à examiner la plaie. La tension médicale était vite revenue. Le pire quand même restait que le coréen avait dit le mot désolé.

Les soucis étaient dissipés, les deux personnes pouvaient souffler. Marcher en toute sécurité dans l’hôpital sans avoir à craindre que les mafieux du coin puissent leur sauter dessus et régler les comptes. Non, ils n’avaient plus à craindre cela… Mais ça n’empêchait pas à Imogen de se retourner et à rester assez près de Hyun. Ce dernier lui en fit la remarque, mais elle lui répondit avec ce léger sourire gêné. Rien que par ce sourire, le coréen savait qu’elle allait dire le mot tabou : « Je sais c'est idiot... je suis idiote. Désolée, je crois que je gère très mal les situations de stress. Je ne sais vraiment pas comment vous faites. » Très vite, il oublia l’histoire du mot tabou quand elle lui avait dit qu’elle ne savait pas comment il faisait. Le vendeur resta un instant silencieux, ne sachant pas trop comment expliquer. « J’ai été très souvent exposé à des situations de stress. À force de l’être, on finit par être habitué et à savoir comment réagir à la seconde près. » Il haussa les épaules en lançant l’exemple. « Comme là par exemple, je suis dans une situation de stress - moins importante que celle qu’on vient de vivre - depuis quatre ans pour l’histoire de la Green Card. »
Il pouvait voir le regard intrigué de la jeune femme quand il venait de lui demander le téléphone, ça l’amusait encore une fois de plus et insista en bougeant ses doigts de la main gauche. Bon finalement elle se décida et tendit le téléphone. Le vendeur eu le téléphone de sa main non-blessée et très vite, il fronça les sourcils en voyant Alessa. Il en clignait même les yeux comme quoi il n’en revenait pas. Enfin … Non ? Enfin bref ! Il n’hésita pas une seconde de plus avant qu’elle ne veuille récupérer ce téléphone. Il fit quelques gestes et composa son numéro de téléphone. Il appuya sur appel et il pouvait entendre son téléphone sonner. « Hum. Comment je pourrais vous remercier pour ce que vous avez fait aujourd'hui ? Vous auriez pu me laisser là mais vous m'avez aider. Vous êtes quelqu'un de bien Sullivan ou alors je devrais vous appeler Hyun-S... » « Voilà maintenant vous avez mon numéro. Et vous pouvez m’appeler Hyun-Su. Sullivan est pour ceux qui n’arrivent pas à prononcer mon prénom coréen ou juste qu’ils préfèrent un prénom américain. » Il tendit le téléphone et au moment où Imogen mit la main dessus, il serra la prise sur ce mobile. Comme s’il tentait d’attirer son attention. « La fille sur le fond d’écran … C’est Alessa Ainsley ? » Il relâcha la prise sur le téléphone et la laissa ranger. Le monde était petit quand même non ?

No act of kindness is ever wasted.
— hyun-su et imogen

« …Désolé docteur Warren… Ce paquet ne vous était nullement destiné. » Elle gloussa ridiculement. Elle n'avait rien fait pour éviter le paquet mais apparemment Hyun-Su savait bien moins viser que combattre. Une chose sur lequel elle pouvait espérer le battre. Après l'avoir découvert supposément doué en cuisine, en sport, en un maximum de choses en un minimum de temps, il fallait bien qu'elle redore un peu son ego. Elle était plus détendue en sachant qu'il n'avait rien de trop grave et que tout irait bien. La culpabilité était toujours là, bien évidemment et la gratitude aussi.

C'est peut-être pour ça que lorsque le calme revint encore et que la pression eut disparu, que les hommes eurent disparu, elle chercha un moyen de le remercier. « Comme là par exemple, je suis dans une situation de stress - moins importante que celle qu’on vient de vivre - depuis quatre ans pour l’histoire de la Green Card. » Cette phrase résonna dans son esprit et elle s'inquiéta un bref instant de le voir partir. Il lui avait offert aujourd'hui un sentiment de sécurité mêlé bien sûr à l'inquiétude et la culpabilité de sa blessure à la main. Mais bel et bien de la sécurité et elle avait peur de voir ce sentiment disparaître aussi vite qu'il était apparu. Nikki ne dit rien mais le pensa très fort. Elle n'était pas si égoïste mais pour une fois, elle osait s'inquiéter pour elle-même. Puis pour lui. Son esprit analytique chercha à trouver une réponse à cette question : pourquoi voulait-il rester ici, à Lewiston et plus majoritairement aux Etats-Unis ? Pourquoi ne pas retourner chez lui ? Avait-il des problèmes ? Elle ne demanderait pas mais s'inquiéta plus de voir une connaissance, même vague rencontre un ennui.

Malgré tout, elle ressentit un vague de gratitude, une nouvelle vague en comprenant qu'il lui laissait son numéro. Ce n'était rien. Et puis, ils étaient voisins. Mais ça voulait aussi dire que peut-être, ils pourraient se revoir et qu'alors elle pourrait se sentir plus en sécurité. Et c'était sûr, son psychisme le lui disait déjà. Le simple fait d'avoir son numéro sous la main la rassurait. « Voilà maintenant vous avez mon numéro. Et vous pouvez m’appeler Hyun-Su. Sullivan est pour ceux qui n’arrivent pas à prononcer mon prénom coréen ou juste qu’ils préfèrent un prénom américain. » « Merci, Hyun-Su. » Sourit-elle presque trop. Elle aurait pu avoir envie de pleurer mais se contenta d'un sourire explicitement précis. Gratitude, soulagement, remerciement. Elle s'apprêtait à reprendre l'appareil quand il retint son geste. Elle le regarda un instant confuse et interrogative, pas encore paniquée avant d'entendre sa phrase. « La fille sur le fond d’écran … C’est Alessa Ainsley ? » « Euh oui. Vous la connaissez ? » Demanda-t-elle curieuse. Il était évident qu'il la connaissait puisqu'il avait dit son nom et la vraie question était plutôt d'où il la connaissait mais la première semblait plus usuelle.

Regagnant la voiture, elle reprit sa place au volant et attendit qu'il soit prêt à son tour pour démarrer et reprendre la route en directement de leur quartier. S'ils se quittèrent rapidement après être arrivés, l'un et l'autre ayant des choses à faire, Nikki se promit de le remercier d'une meilleure façon plus tard et partit plus rassurée, connaissant à présent un homme capable de sauver des situations périlleuses.

No act of kindness is ever wasted.

Imogen

« Oh mais que oui, je la connais ! » annonça-t-il en étant un peu trop vif, sous le coup de la surprise. Il n’en revenait pas du tout que la jeune femme, Imogen puisse connaitre Alessa. « C’est ma cousine ! » fit-il avec un léger sourire. Avant de se souvenir assez douloureusement sa tante et sa façon à vouloir l’aider avec la green-card. Son sourire n’aura pas duré vraiment longtemps parce que se souvenir comment sa tante voulait lui faire du bien en l’aidant à la pire des manières. Rien que d’y penser, Hyun-Su soupira et secoua légèrement la tête. « Enfin bref… Sa mère, c’est ma tante. Elle était la soeur de ma mère et elles s’étaient perdues de vue quand ma tante s’est mariée avec un Américain. » expliqua-t-il. Il ne savait pas à l’époque que les deux soeurs s’étaient disputées assez violemment pour qu’elles ne veuillent plus se revoir de leur vivant. Pourtant, la tante Ainsley avait été très contente d’accueillir Hyun-Su malgré ses origines et elle n’avait pas été méchante à son égard.

Enfin bref, ils étaient là tout les deux. Dans la même voiture. Il lui rendit finalement le téléphone, quand même surpris de savoir qu’Imogen connaisse sa cousine ! Elles étaient apparemment des meilleures amies, ce qui expliquait le pourquoi elle l’avait en photo sur le téléphone. En tout cas, le monde était encore plus que petit ! Ils démarrent pour rentrer chez eux. Tranquillement, en discutant sur leurs proches et se remerciant mutuellement. Cette fois-ci Hyun-Su n’oubliera pas qu’il avait une voisine du palier, et encore .. Maladroite et impossible maintenant de la louper dans la rue.

Terminé et verrouillé.