Elle attendit impatiemment que ça décroche, tapotant le stylo sur les quelques notes et quelques faits qu'elle voulait communiquer à Evelyn. Elle ne la connaissait pas vraiment mais Anthony en parlait beaucoup depuis son retour et en tant que collègue d'Anthony, elle pouvait tout autant se renseigner et parler de ce qui la chagrinait à Evelyn. Enfin, elle décrocha et Penny n'attendit pas :

- Evelyn Powell ? Penny Ribbs, je travaille au bureau du FBI de Boise, est-ce que je vous dérange ?

Evelyn se faisait doucement à son retour à Lewiston. Ca faisait presque trois mois maintenant et elle n'était toujours pas retourné bosser. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait quand elle voyait les dossier d'Anthony à la maison. Mais elle ne s'en sentait pas encore capable. Elle évitait au mieux les questions et tentait de se reprendre en main, mais ce n'était pas chose aisée après tout ce temps passé à se demander quand elle allait mourir ou bien encore ce qui allait lui arriver ensuite...
Son téléphone sonna alors qu'elle était sous la douche. S'enroulant dans son drap, elle alla rapidement l'attraper, si c'était Teresa ou même son père, elle ne voulait pas manquer l'appel. Mais le numéro affiché lui était inconnu.

- Allo? Oui, c'est elle... Non, pas du tout, en quoi puis-je vous être utile? Si c'est une question de boulot, je ne suis pas abilitée à vous répondre, je ne suis plus en fonction pour le moment...

- Ce n'est pas à propos du boulot, à vrai dire pas à proprement parlé. C'est à propos d'Anthony. Anthony Caldwell.

Elle avait lu que les deux se connaissaient et c'était une bénédiction pour ce qu'elle allait dire et demander. Elle avait besoin d'une alliée qui pourrait obtenir les accréditations.

- Je crois savoir que vous le connaissez ?

Anthony? Pourquoi le bureau voulait lui parler de lui? Intriguée, Evy l'écoutant attentivement et se tracassa de ce qui allait se dire.

- Oui, je le connais. Il lui est arrivé quelque chose? Qui vous m'avez dit que vous étiez ?

- Penny Ribbs, agent Powell.

Se représenta-t-elle à nouveau avant de réfléchir à comment aborder le sujet.

- Anthony va bien et le bureau a plus ou moins d'autres choses à faire actuellement mais je le connais depuis de nombreuses années et certaines informations mises en avant récemment me laissent interrogative et j'aurai aimé votre avis en tant qu'agent mais surtout en tant que connaissance d'Anthony. C'est un appel quelque peu informel.

Oh... se contenta-t-elle de dire.

Evelyn fut soulagée d'entendre que son ami allait bien. C'était deja une bonne chose. Mais la suite des informations qu'elle reçu la laissait perplexe. Pourquoi s'intéressait-elle autant à lui? Surtout en dehors du cadre professionnel... Certes ils avaient souvent entant qu'agent des affaires personnelles qu'ils menaient à bien sans trop se faire remarquer mais...

-Bien... Je peux vous écouter mais je ne vous promets pas de vous être utile... Quel genre d'informations?

Être utile, Evelyn le serait sans aucun doute, elle apporterait un autre avis et d'autres lumières. Aussi s'empressa-t-elle de lui parler de tout cela.

- Au cours d'une entrevue avec une victime, il a été mis en lumière que Caldwell entretiendrait des relations plutôt étroite avec certains milieux que nous condamnons. De graves accusations ont été émises à son encontre. La structure de l'entrevue restait cependant informelle et notre supérieure n'en a pas encore été informé et c'est ce pourquoi je préférerai pouvoir constituer un dossier le disculpant avant qu'une procédure soit lancée. Vous aurait-il parlé d'une affaire qu'il menait sur New-York de l'année 2010 à 2014 environ ?

Evy avait un peu de mal d'assimiler ce que disait l'agent Ribbs. Elle n'était pas vraiment sûre qu'elles parlaient de la même personne...

- Vous voulez dire que certaines personnes l'accusent d'être corrompu? J'ai... Du mal à l'imaginer. Il a bien évoqué une affaire personnelle sur New York, mais... Enfin, c'est ridicule! L'agent Caldwell est quelqu'un de correct. Vous savez au moins de qui viennent ces accusations? Vous avez vérifié que ce n'était pas justement pour le piéger?

Elle pouvait très bien imaginer qu'Evelyn ne pense pas Anthony capable de cela. Elle-même avait du mal à se le dire et pourtant les preuves étaient contre lui. Ses propres mots mettaient les choses en doute.

- Malheureusement je ne peux rien vous préciser concernant la ou les personnes dont viennent les accusations. Aucune plainte n'a été déposé mais le service en entendra sans doute rapidement parler. Mais je peux néanmoins confirmer que c'est à priori une déclaration honnête. En tant qu'amie, je serais sans doute dé saisie de l'affaire rapidement mais j'ai besoin de comprendre ce qu'il en est. Les propres déclarations faites par Anthony lors de l'entrevue mettent en doute son professionnalisme. Cela pourrait être qualifié de faute et il y perdrait son badge. Dites-moi, est-ce que vous savez quoi que soit, est-ce que vous vous souvenez d'un détail de l'affaire dont il vous a parlé ? Un nom, un lieu, n'importe quoi ?

- Je sais, je ne suis plus en fonction actuellement et je comprends que vous ne puissiez pas discuter de tout ça comme vous le voudriez. Il ne l'a pas fait non plus... Je n'ai eu aucun détail. Je sais juste qu'il travaille sur plusieurs affaires. Personnelle, une protection de témoin, il m'a parlé de quelqu'un qui surveille tout le monde. Vous êtes son amie, vous savez que si il perd son badge, on risque de ne plus le retrouver... En avez-vous discuté avec lui? Est-ce qu'il sait qu'il est sujet d'un dossier?

- Je fais cela pour l'aider mais je ne pourrais pas cacher si je découvre quelque chose de louche. Il y a les règles et il y aura aussi ma conscience. Il n'est plus le même. Ça fait un moment qu'il n'est plus le même. Je ne sais pas si vous avez pu le remarquer. Moins gai, plus renfermé. Quelque chose ne colle pas. Dans notre profession on a très rarement de seconde chance. S'il était révélé qu'il faisait passer sa vie personnelle avant celle des victimes... Vous saviez pour sa femme ?

Elle laissa le temps de la réponse avant de poursuivre :

- Auriez-vous le temps ou l'occasion de venir au bureau de Boise ? Nous serions plus à même de discuter.

- Evidement que non, je ne vous demande pas de le faire si c'est le cas... Il n'est plus le même, nous changeons tous un peu au fil du temps. Ca fait quelques années que je ne l'avais plus vu, j'imagine qu'ils ne sont plus ensemble, mais nous n'en avons pas parlé.

Evelyn savait qu'Anthony n'était pas quelqu'un qui se confiait facilement. Elle était pareille. Il se ressemblaient pas mal sur certaines choses et elle ne voulait pas le pousser à quoi que ce soit. Mais en entendant Penny parler, elle se dit que peut-être qu'elle pouvait faire quelque chose pour qu'il lui parle.

Bien sûr. Dites moi quand et j'essayerai de venir vous voir avec un peu plus d'informations.

- Il a confessé une tentative d'homicide Evelyn. Je pense en effet qu'il ne va pas bien. Le FBI n'a rien retenu contre lui malgré le procès mais avec ce qui a été dit durant l'entrevue, j'ai peur que ce ne soit que le dessus de l'iceberg. Et on sait bien ce qui est arrivé au Titanic...

Elle ne pouvait certainement pas en dire plus qu'elle venait d'en dire. Il aurait été bien plus simple de parler en sachant Evelyn en service...

- Je vous proposerai bien demain. Vous savez si vous pourrez reprendre votre poste prochainement ?

Evy fut déboussolée par les paroles de Penny, elle ne su d'ailleurs pas quoi ajouter de plus. Elle avait manqué beaucoup et se dit que discuter avec Anthony n'était plus une éventualité, elle allait vraiment devoir le faire.

J'essayerai de passer en fin de matinée. Ca ne dépend de moi qu'à moitié... Mais je pense qu'il serait préférable que je leur demande de me réintégrer à présent... On se voit demain alors?

- Merci Evelyn. La fin de mâtinée me semble parfait. La chef devrait être là également si vous souhaitez lui parler de votre réintégration. A demain dans ce cas.

Voulut-elle rapidement conclure en apercevant Anthony au loin et ne souhaitant pas éveiller plus de soupçons que nécessaire.