C'est juste qu'il n'y a rien...

AVEC HEATHER S. SPENCER

 

Perdue dans ses pensées les plus obscures, Terrance semblait à des années lumière de cet escalier sur lequel elle était assise. Bercée par les aboiements des chiens présents, inconsciemment, même plongée dans une profonde réflexion, ou simplement perdue dans le vide de son esprit, Terrie enregistrait le moindre détail qu'elle voyait, qu'elle entendait, qu'elle sentait... Elle remplissait peu à peu, bien trop lentement à son goût, le vide dans lequel elle avait l'impression de baigner. Avant son accident, Terrie avait tellement d'informations stockées en mémoire, tellement de souvenirs intacts dans les moindres détails, comme une machine, un véritable album photo, que le peu qu'elle avait vécu depuis son réveil lui laissait cette impression de vide béant. Et la blondine n'avait qu'une envie, combler cet incommensurable vide qui la dérangeait de plus en plus. Bien sûr elle ne pouvait pas choisir de retrouver la mémoire, puis elle n'essayait pas particulièrement pour le moment. Le médecin lui avait dit que forcer serait contre productif, et c'était bien la première fois que Terrie écoutait un médecin. Il n'avait cependant pas parlé de ce vide qu'elle ressentirait en l'absence d'une quantité infinie d'informations. Et c'était dans ce vide que Terrie était actuellement perdue.

Le regard dans le vague, bien que dirigé vers quelque chien à l'horizon, Terrie caressait machinalement la tête de Fenrir venu se coller contre elle, alors que Heimdall mordait dans le plâtre de son bras. Une façon d'attirer l'attention de la jeune femme ? Terrie demeurait pourtant dans le vide. Il était étonnant de voir que les deux compagnons canins de la blondine ne la quittait plus d'une semelle, Savaient-ils ce quelle avait vécu ? Son absence avait-elle été remarquée par les deux chiens ? Avaient-ils cru être abandonnés durant le coma de Terrie ? Heimdall lâcha le plâtre l'espace d'un instant et vint coller sa truffe mouillée sur la joue de sa maîtresse, qui gardait son regard dans le vague. Machinalement elle caressa l'animal de sa main immobilisée – suite aux fractures de ses doigts en plus de celle du bras, sa main droit n'était pas utilisable pour le moment – mais Heimdall semblait vouloir plus qu'une caresse, il attrapa de nouveau le bras de sa maîtresse au niveau du plâtre dans sa gueule. Cette fois-ci il se montra un peu plus violent, et tira soudainement sur le bras de la blondine.

« Aouh... » lâcha-telle sortant enfin de sa torpeur. « Mais ça va pas, qu'est-ce qu'il te prend, toi ? » demanda-t-elle à l'animal qui, après l'avoir lâchée – une fois qu'elle était revenue à elle – approcha sa tête de celle de Terrie, venant coller sa truffe sur sa joue, puis la lécher. Puis Fenrir et Heimdall semblèrent alors se disputer la main valide de Terrie.

 

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Le simple chant des aboiements

Ft. Terrie M. Austen

Tous les chiens n'avaient pas accès à la maison. Il n'y en avait en fait que quatre. Zeus, celui d'Hetty, Fenrir et Heimdall, ceux de Terrie et Helios, celui de Campbell. Tous les autres chiens étaient relégués à la zone commercial et entrainement de la maison. Mais ça ne voulait pas dire que les quatre privilégiés n'avaient pas accès à la cours de 6000m², au contraire. Ils y avaient accès en plus de la maison, tout comme les maîtres. Tous les résidents de la maison principale avaient accès à la cours, contrairement à la clientèle qui devait être accompagnée, question de sécurité.

Hetty rentrait de faire quelques courses, Zeus sur les talons. Depuis longtemps, Zeus la suivait au pied et elle n'avait jamais eu besoin de le garder en laisse. Le temps de poser les courses, bavarder un peu avec Rosa et Mme Spencer, et de tout ranger, elle se fait un café et, pourquoi pas, en fait un pour Terrie. Elle rejoint son amie, assise dans l'escalier extérieur qui mène à la cours des chiens. C'est pas l'endroit le plus agréable pour siroter un café, mais ça permet de voir les chiens s'ébattre dans 6000m² ce gazon et structure d'entraînement.

- Salut Anton, salut-elle l'homme à tout faire de M. Spencer, avant d'entendre la voix de Terrie qui gronde son chien. C'est parce qu'il a besoin d'attention et qu'il aime être gratté avec vigueur, dit-elle, souriante. Elle tend à Terrie la tasse de café préparée pour elle. C'est une peu trop tôt pour la bière, mais ça n'empêche pas d'en prendre une plus tard. Elle s'assoir à côté de son amie et prend une gorgée de café chaud, les yeux mi-clos, savourant de toute évidence le breuvage avec délice. Hetty a toujours un café dans les mains, sauf lorsqu'elle cours. Ma mère pense que tu t'ennuie. T'as envie de sortir ce soir ? On pourrait aller se trémousser au Naughty or Nice ?

Elles se sont toujours fiché que ce soit un bar de strip-tease, tant qu'elles peuvent boire et s'amuser. C'est pas exclusivement réservé aux mecs et puis le spectacle en vaut la peine, ce sont des artistes après tout.

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C'est juste qu'il n'y a rien...

AVEC HEATHER S. SPENCER

Les deux chiens semblaient réellement se disputer l'attention de leur maîtresse, et elle essayait tant bien que mal de satisfaire ses deux compagnons à quatre pattes. Cependant cela n'empêchait pas Terrie de se demander si les deux compères avaient toujours été aussi avides d'attention de sa part. La blondine les trouvait toujours à l'affût du moindre moment qu'ils pouvaient passer à se faire câliner par la jeune femme. Terrance ne pouvait s'empêcher de se demander si l'accident n'y était pas pour quelque chose, peut-être qu'Heather le savait et justement la voix d'Hetty se faisait entendre derrière elle. Elle lui accorda un sourire tandis qu'elle essayait de gratter Heimdall avec vigueur comme son amie venait de le lui conseiller. Ce dernier lâcha un aboiement de contentement avant de poser sa tête sur la jambe de Terrie, alors que Fenrir venait lui lécher la joue avant de poser sa tête contre le ventre de la blondine.

Terrance prit de sa main valide la tasse à café tendue par Heather, cette dernière arguant qu'il était encore trop tôt pour la bière. Cela fit sourire Terrie, qui lâcha même un petit rire avant de lui répondre. « Il est bien l'heure de prendre une bière quelque part, non ? » Et tandis que Heather prend une gorgée de son café, Terrie l'imite avec le sien. Il paraît qu'avec son accident elle n'aimait pas le café, mais maintenant elle en boit. Pas autant qu'Hetty qu'elle jurerait avoir plus de café que de sang dans les veines. Hetty reprend alors la parole, et avant de lui répondre Terrie avale une autre gorgée de café. « Oh non ce n'est pas de l'ennui. » Avoue-t-elle, songeant qu'il faudra qu'elle rassure la mère d'Hetty au passage, mais n'expliquant pas ce que ce qu'elle a pris pour de l'ennui est réellement. « Mais l'idée de se trémousser m'enchante. » Dit-elle avec un grand sourire.

Tandis qu'elle s'apprête à boire une autre gorgée, Fenrir décide de bouger sa tête, manquant à l'occasion de se prendre du café chaud sur le poil. « Hé doucement. » Lui dit-elle, avant de lui déposer un baiser sur le haut de son crâne. « Dis, ils étaient aussi... câlins avant mon accident ? » Demanda-t-elle à son amie. « J'ai l'impression de les rendre malheureux en les laissant à peine dix minutes. Tu crois qu'ils savent ? Ou qu'ils se sont crus abandonner pendant mon... coma ? » Hasarde la blondine, se demandant si ses deux compagnons canins en savent plus qu'on ne pourrait le croire.

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Le simple chant des aboiements

Ft. Terrie M. Austen

C'était plaisant de voir Terrie ici. Pas qu'elle ne se voyaient pas tous les jours ou presque jadis, mais Hetty travaillait moins avant, elle était moins occupée et si Terrie n'avait pas habité ici, elle aurait du se contenter de temps en temps. Là, c'était plus facile puisqu'elle habitait chez les Spencer. Hetty sourit et rigole. Oui, c'était probablement l'heure de prendre une bière quelque part, mais pas ici. D'un autre côté, Hetty pouvait très bien se passer de bière, mais pas de café. Elle aurait peut-être du poser la question à Terrie avant... en fait, il n'y a pas vraiment pensé. Terrie aurait peut-être préféré une bière ?

- Oui, probablement, mais moi je compte pas l'heure de la bière comme ça. Moi je le compte en nombre de café que j'ai bu avant la bière, explique-t-elle, accentuant volontairement son addiction pour le café.

Elle chasse son doute lorsque Terrie boit une gorgée et qu'elle ne grimace pas. Ça lui fait bizarre de voir Terrie boire du café, elle n'aimait pas ça, mais vraiment pas avant. Hetty avait toujours prétendue que c'était son seul défaut. Maintenant, c'était chose réglée, Terrie n'a plus aucun défaut. Enfin, si on compare à avant.

- C'est ce que j'ai dit à maman. Je lui ai dit que c'était pas de l'ennuie, c'est juste que t'avais pas encore redécouvert tout l'attrait aventurier et excitant de Lewiston, se moque t'elle, sachant pertinemment que Lewiston n'est pas l'endroit le plus excitant du monde et de loin. Oh yeah ! Ça fait une éternité que j'y suis pas allée moi-même, s'enthousiasme-t-elle. Évidemment, y'aura les même gens que d'habitudes, dit-elle en souriant malicieusement, parce que Lewiston est si excitante que tout le monde reste toujours aux mêmes endroits.

Ouais, c'est certain qu'elles risquent pas de croise de nouvelles têtes. Mais en même temps, y a que très peu de tête que Hetty a vraiment envie de voir. Mais peu importe, elle en verra. Après, probablement que Terrie ne reconnaîtra que très peu de tête. Elle se chargera de faire les présentations. Si ça se trouve, en même temps que se trémousser, Hetty pourra raconter des trucs sur tout le monde à Terrie. Ce sera marrant !

Terrie interroge ensuite sur le comportement admiratif de ses chiens. Hetty sourit et tapote la cuisse de Heimdall, à sa portée.

- Ils ont toujours été avide de toi, Terrie. Mais ce sont des amoureux, ils aiment tout le monde. Au départ, tu voulais en faire des chiens de garde tu sais. C'est mort. Je sais pas s'ils se sont senti abandonné, mais ce que je sais, c'est qu'ils ont su tout de suite que c'était une absence anormale. Ils avaient jamais autant réagit à tes absences, même tes trois semaines en Jamaïque d'il y a deux ans, se souvient-elle. Je dirais qu'ils ont été placide et... peut-être un peu dépressif. Mais ils sont redevenu normal depuis ton retour. Avec peut-être un apport en on-se-vautre-contre-Terrie et on-ne-la-laisse-pas-être-présente-sans-nous-avoir-collé-aux-fesses, concède-t-elle.

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C'est juste qu'il n'y a rien...

AVEC HEATHER S. SPENCER

Depuis qu’elle était venue s’installer chez les Spencer – pour échapper entre autres à la pression constante de sa mère – Terrance se sentait déjà mieux, même si ce n’était pas visible aux yeux de tous. Apparemment Madame Spencer s’inquiétait toujours pour elle, mais elle était comme une deuxième mère, seulement bien moins oppressante que la première. Dans un coin de son esprit elle notait devoir la rassurer, et alors que Heather lui répondait sur l’heure de la bière, la jeune femme ne put s’empêcher de sourire. Oui depuis son « retour à la vie », Terrie avait remarqué que Hetty était plus qu’accro au café.

« Avec tout le café que tu ingurgites, tu vas faire une crise cardiaque avant tes trente ans ouais. » Plaisanta la blondine alors que l’idée d’une bière plus tard la séduisait bien plus qu’on ne l’aurait pensé.

Alors qu’elle pensait avoir à rassurer quelque peu les habitants de la maison sur son état d’esprit – elle acceptait volontiers de le faire avec eux, parce qu’à contrario de sa mère, ils n’était pas continuellement dans son dos à lui demander si ça allait ou si elle se souvenait de quelque chose – elle constata que Hetty n’était nullement inquiète de son côté, en tout cas elle ne le montrait pas. Elle avait même pris le temps de rassurer sa propre mère, avant de partir sur une boutade qui ne manqua pas d’arracher un sourire et même un rire à Terrie.

« Oh mais je comptais bien sur toi pour remédier à ce problème ! » Lâcha-t-elle avec un grand sourire. « Même si la découverte de certaines choses est toujours plaisante à faire seule, il y en a d’autres où c’est tellement mieux d’être accompagnée. Surtout que justement les gens habituels, je ne sais plus qui c’est, et tu n’imagines pas le nombre de personnes qui me parlent comme si je me souvenais d’eux. » Dit-elle en faisant de gros yeux en pendant justement à la dernière conversation du genre qu’elle avait eue. De longs moments pénibles. Bien sûr elle aimait l’idée qu’on la traite normalement, mais il y avait certaines limites. Lui faire la conversation durant de très longues minutes sur un évènement dont elle ne se souvenait pas, c’était le meilleur moyen de lui donner envie de fuir, ce qu’elle faisait d’ailleurs à chaque fois. « Avec cette phrase qui me donne envie de le coller un pain « Nan mais c’est vrai tu te souviens pas » … Vivement que tu me racontes des trucs croustillants à leur sujet. » Ajouta-t-elle en lâchant un rire, peut-être un peu jaune ceci dit.

Mais après cela, Terrance est rassurée par la réponse de son amie, à propos de ses deux chiens. Quelque part elle culpabilisait peut-être un peu de ce qu’ils auraient pu subir de négatif à cause de son accident. De nombreuses ombres planaient encore sur cet accident d’ailleurs : d’où revenait Terrie, qui l’avait renversé, comment personne n’avait-il pu voir ce qu’il s’était passé, combien de temps était-elle restée sur le bitume à agoniser… Elle chassa cela de ses pensées au plus vite, cela la déprimait trop. Elle se concentrait de nouveau sur ses deux compagnons à quatre pattes, et sur ce que Heather lui apprenait à leur sujet.

« En faire des chiens de garde, ces deux nounours ? » Dit-elle en souriant en pensant à tous les câlins qu’ils réclamaient. « Avec le temps qu’ils passent à vouloir des câlins, tu m’étonnes que j’ai abandonné l’idée. » Comme pour protester face à ce qu’elle venait de dire Heimdall remua manquant de faire renverser son café à Terrie une fois de plus. Fenrir quant à lui donna l’impression de lâcher un soupir. « Quoi je vous ai vexés ? » Demanda-t-elle. Pour seule réponse les deux compagnons canins se posèrent de nouveau contre elle. « J’avais peur qu’ils en aient souffert de tout ça… trop souffert j’entends. » Avoua-t-elle avec un ton légèrement sombre, inquiet.

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Le simple chant des aboiements

Ft. Terrie M. Austen

Avec Hetty, tout est sujet à la rigolade. Que ce soit sérieux ou non, à propos ou non, elle arrivait à trouver une boutade et à faire de l'humour. Certains le prenaient bien, d'autres moins. Heureusement, Terrie était de ceux qui le prennent bien, alors Hetty ne s'en privait pas. De toute manière, c'était habituellement sa manière de répondre et ça avait forgé sa réputation de femme désinvolte, enthousiaste et bien heureuse. Et Hetty tenait à cette réputation. Elle s'était rendu compte que lorsqu'elle était souriante on lui fichait la paix. Tout le monde se fiche de ceux qui ont l'air heureux.

- Avant 30 ans ? Mais j'ai avant 30 ans ! Il me reste combien de semaines avant la crise cardiaque ? Naaaan ,t'en fais pas, je suis en forme, mon coeur est PAR-FAIT. Il bat avec enthousiaste et il carbure au café et à la course.

Eh non, elle ne comprend pas vraiment ce que Terrie veut dire, que les gens lui parle comme si elle se souvenait d'eux. Ça n'arrive pas à Hetty. Hetty connait tout le monde à Lewiston. Elle y est depuis toujours. Elle aimerait bien réapprendre à connaître tout le monde. Mais c'est le caractère d'Hetty d'apprécier connaître les gens. Elle adore ça. C'est ce qu'elle aime le plus lorsqu'elle est au Fingertips. Bavarder avec les gens. Et elle aime aussi assister son père au conférences. Elle rencontre plein de gens. Oui, Hetty adore rencontrer des gens. C'est dommage que Lewiston soit si peu populeuse et qu'elle connaisse déjà presque tout le monde.

- D'accord, je te raconterai les trucs amusants et les trucs sordides, les rumeurs et les ragot, mais il est hors de question que je te dise quelle opinion tu avais d'eux. Je te laisse te reforger ton opinion. Sur tout d'ailleurs. T'avais jamais aimé le café, avoue-t-elle en souriant bêtement.

Elle lui avait servit le café le premier soir, naturellement, et Terrie avait tout bu, contrairement à avant ou elle détestait ça, sauf peut-être avec beaucoup de sucre.

- Oh, t'en fait pas, ils ont toujours été collant comme ça. On s'est est bien occupé durant ton absence. Mais c'est toi leur maîtresse. Ils t'admirent. Mais les laisse pas prendre trop de place. Y a la hiérarchie à tenir. Mais ce sont de gros bébés. Elle tapote la tête du canin le plus près. Mais ce sont de braves bêtes.

Oui, de gentilles bêtes.

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Nouveau message

Expéditeur: Unknown
Destinataire: Terrie M. Austen
Message reçu, aujourd'hui.

Ces bêtes sont amoureuses. Si seulement c'était les seules ! Un jour, tu te souviendras et ce jour-là ... tu regretteras de ne pas avoir oublié !
-S

C'est juste qu'il n'y a rien...

AVEC HEATHER S. SPENCER

Terrance ne put s’empêcher de sourire lorsqu’elle écoutait Heather lui répondre sur un ton désinvolte et plein d’humour. La bonne humeur d’Hetty était communicative, et Terrie ne s’en plaignait pas, bien au contraire. La plupart des gens était bien trop triste autour d’elle, et heureusement qu’il y en avait d’autres comme Heather, comme Nigel et Lucinda, et comme tous ceux qui lui permettaient de ne pas se sentir comme une handicapée… Elle était seulement amnésique, avec quelques traumatismes visibles cependant, mais elle avait parfois l’impression, sûrement à cause du comportement de certains, qu’elle était une handicapée qui avait toujours besoin d’assistance… Alors oui, heureusement qu’il y avait tout ce petit monde qui tenait à elle et qui lui permettait de se sentir bien.

Et tandis qu’elles discutaient de leur future soirée, Terrance souriait alors qu’Heather lui promettait de lui raconter les trucs amusants et sordides, les rumeurs et toutes ces autres choses plus qu’intéressantes, refusant par la même de lui dire quelle opinion elle avait des personnes qu’elles pourraient croiser. Et voilà que son amie lui avouait qu’au moins un de ses goûts avait changé.

« Je n’aimais pas le café, et tu m’en as servi ? » Demanda-t-elle, un air suspicieux sur le visage. « Espèce de traîtresse malveillante. » Lâcha-t-elle en plaisantant, imaginant qu’elle aurait pu le faire exprès. « Tu profites de mon amnésie pour me convertir à tes travers en fait ! »

Elle garda ce même sourire sur les lèvres, durant de longues minutes, s’abreuva un peu de café alors qu’Heather qualifiait ses chiens de « gros bébés », et comme si Heimdall l’avait compris, il regarda la blondine d’un drôle d’air alors qu’elle lui tapotait la tête.

« Gros bébés braves. » Répéta-t-elle en souriant.

Elle sentit alors son téléphone vibrer dans sa poche, et après une gorgée supplémentaire de café, elle déposa la tasse sur le bois des escaliers et sortit le cellulaire de sa poche. Son bras emplâtré et ses doigts encore cassés étaient inutilisables jusqu’à nouvel ordre, et une seule main ce n’était pas toujours pratique. Elle lut rapidement le message, fronça les sourcils sur le contenu, n’y comprenant strictement rien. Son incompréhension devait se lire sur son visage, mais la jeune femme se décida à ignorer cela pour le moment.

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Le simple chant des aboiements

Ft. Terrie M. Austen

Aveu spontané, elle se trahie elle-même. Oui bon, en même temps, c'est pas vraiment un secret. Oui, celle avait essayé des tas de truc, spontanément, sur Terrie. Elle avait fait ses propres expériences, mais elle savait bien que Terrie préférait explorer et expérimenter plutôt que de faire comme c'était supposé être. Si elle ne l'avait pas été, elle n'aurait pas apprécié passer toute son enfance avec eux, les Chatwood.

- Ouais, pourquoi pas ? J'ai toujours su que ton dédain du café n'était que des caprices et voilà, j'en ai la preuve ! Son entrain est communicatif, c'est une de ses principale qualité. Avec Hetty, on devient enthousiaste et joyeux. Y a que sur Linus que c'est sans effets. Elle reprend tout de même un peu de sérieux. Faut bien savoir si tu aime ou pas, les docteur ont dit que tu pouvais avoir changé, tes perceptions, tes envies, des trucs du genre. T'es ici parce que t'en avait marre que tes parents te disent tout, alors moi, je te propose et c'est toi qui voit. Je te propose même des trucs qui m'a emmerdent au cas ou ça te plairait maintenant. Mais t'en fait pas, si t'aime des trucs qui m'emmerdent, je te le dirai et tu trouveras bien quelqu'un à qui ça plaira.

Les chiens élèves par les Spencer étaient tous des toutous en puissance. Mais seulement au repos. Hetty en avait élevé, avec son père, la majorité et il n'y avait que des ordres à donner pour qu'ils deviennent des armes potentiellement dangereuses. C'est ce qui faisait la renommée du Spencer's Crew. Hetty tapote la tête d'Heimdall d'une main et gratte derrière les oreilles de Zeus de l'autre. C'est toujours comme ça, quand on en caresse un, faut surtout pas avoir l'autre main libre.

Le portable de Terrie sonne et Terrie y jette un œil, avant que son air ne s'assombrissent un bref instant. Hetty plisse le nez. Elle sait ce que ça signifie en général ce genre de truc. Un truc pas marrant.

- Mauvaise nouvelle ? Ton doc te veux encore pour des examens ? blague-t-elle en prenant tout ça a la légère.

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C'est juste qu'il n'y a rien...

AVEC HEATHER S. SPENCER

Alors certaines choses ont changé chez elle depuis l’accident… A-t-elle beaucoup changé ? Ou sont-ce seulement des détails ? Mais n’est-ce pas l’ensemble des détails la concernant qui faisait d’elle ce qu’elle était auparavant ? Si les détails changent, alors… elle aussi… La pensée la traverse et la question lui martèle le cerveau. Voilà une réflexion qui a le mérite de la faire douter, de rendre son amnésie encore plus lourde à supporter… voilà quila trouble et qui lui donne envie de déprimer, malgré sa combativité et son envie de voir le bon côté des choses. Peut-être qu’elle n’est plus la même Terrance qu’auparavant, peut-être que l’accident a changé beaucoup de choses, même des petites, et qu’aujourd’hui elle n’est la Terrance d’autrefois, celle que Hetty et Nigel aiment… et si elle n’était plus cette Terrie ? D’une oreille distraite, elle entend tout de même Heather qui lui parler et si sur le moment elle n’entend pas les mots, son hypermnésie le lui répète quand elle revient à elle.
Parce qu’elle ne veut pas inquiéter Hetty, parce qu’elle espère trouver la réponse seule et qu’elle ne veut embêter personne avec cela, Terrie met cette pensée dan suncoin de sa tête, elle ressurgira bien assez tôt. Et la blondine sourit. Bien sûr le sourire n’est pas sincère, mais il part d’une bonne intention, Heather s’est suffisamment inquiétée pour elle lorsqu’elle était dans le coma, elle s’est faite suffisamment de cheveux blancs… maintenant c’est à Terrance de s’en faire, c’est à elle seule de s’inquiéter d’elle-même… Heather, Nigel, Lucinda, Dany, Claire, Connor et Peter… ils se sont assez inquiétés, ils ont besoin de répit, c’est ce que la blondine se dit. Il faudrait peut-être qu’elle trouve quelqu’un d’autre pour parler de tout ça, pour qu’ils puissent cesser un peu de s’inquiéter...

« Tant qu’aucun de ces changements ne change quoi que ce soit de réellement important, on va dire qu’ils sont bons. Mais si je deviens une garce sans scrupule et que tu ne me reconnais plus du tout, il faudra que tu m’abattes. »

Elle rit en le disant, sans avoir l’air de forcer, mais en réalité la pensée va l’obséder durant des jours et des nuits. Elle va la poursuivre alors qu’elle boira une quelconque boisson, ou qu’elle mangera un simple biscuit… La pensée qu’elle n’est plus la même l'obsédera… jusqu’à en devenir folle.
Puis elle oublie vraiment tout ça, elle se concentre sur le moment présent à nouveau et elle écoute Hetty, qui s’interroge sur le mystérieux message. Oh ça oui, pour être mystérieux, il l’est...

« Oh non, j’ai déjà rendez-vous avec lui dans deux jours, c’est largement suffisant. » Lâche-t-elle comme exaspérée. Dire que Terrie en avait marre de l’hôpital et de son médecin était un euphémisme des plus énormes. S’il y avait un endroit que, malgré son hypermnésie, elle voudrait oublier, c’était bien l’hôpital. Elle n’aurait pas cette chance cependant. « S’il ne me dit pas que mes doigts et mon poignet sont enfin réparés et que je peux quitter ce truc de malheur, je crois que j’explose. » Ajoute-t-elle avec un air agacé. « En fait ça a un côté très handicapant de n’avoir qu’une main valide. Va leur faire comprendre à ces deux là que je n’ai qu’une main pour deux. Bah ça ne les arrange pas eux non plus. » Si au début elle semble énervée, elle a aussi l’air de plaisanter sur la fin. A dire vrai, Terrie essaie surtout de ne pas se laisser abattre, alors elle met de l’humour un peu partout où elle le peut.

« Ca devait être une erreur, » finit-elle par dire pour répondre à la question d’Heather, « ça n’a pas vraiment de sens. » Non ce contenu n’a pas de sens pour elle, peut-être justement parce qu’elle ne se souvient pas. Pourtant cela parle bien de ses deux chiens et de ce qu’Hetty en a dit, et d’une autre chose dont elle ne sait rien. Peut-être que si elle se souvenait, ça ne l'indifférerait pas tant.

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Le simple chant des aboiements

Ft. Terrie M. Austen

Tout le monde change, mais habituellement, on reste ancré dans nos habitudes et personne expérimenter vraiment. Les images, les saveurs, les bruits, tout provoquait des souvenirs et on y restait accroché. Terrie avait la possibilité de tout reprendre, de se recréer des souvenirs, des idées. Hetty n'allait certainement pas lui imposer ce qu'elle était jadis. Et si Terrie n'aimait plus ce qu'elle avait été ? Elle avait la possibilité de faire table rase de tout ça, sous prétexte qu'elle ne se souvenait pas.

- Et si c'est le contraire ? Et si t'étais une garce sans scrupules, je fais quoi ? Et si je ne te reconnais plus parce que maintenant, t'es sympa, je t'abats aussi ? se moque-t-elle, amusée. Nan, tu l'étais pas et même que ça t,inquiète te prouve que tu ne l'es toujours pas. De toute manière, t'es mon amie, les autres se chargeront de t'abattre quand j'aurai le dos tourné, dit-elle, blagueuse, en lui tapotant délicatement l'épaule. T'es mon amie. T'es qui tu veux être.

Hetty n'aime pas trop qu'on lui dise quoi faire ou pire, comment les choses devaient être faites selon eux. Et ça l'agace. Du coup, elle essaie de ne pas dire aux autres comment et quoi aimer. Elle avait adopté cette attitude voulant imposer à Linus sa manière de voir les choses. Ça s'était mal terminé entre eux. Il n'était pas question qu'elle reproduise la même chose encore.

Des séquelles de l'accident, excepté l'amnésie, les os fracturés étaient les seules encore visible. Avant comme après l'accident, Terrie était indépendante et elle voulait faire toute toute seule ou du moins elle voulait faire quelque chose et son bras immobilisé était sans doute ce qui l'agaçait le plus. Enfin, surement pas, mais ça n'aidait pas. Mais bon, même si Hetty avait voulu y faire quelque chose, elle n'avait pas les compétences pour le faire. Seul le doc le pouvait. Mais elle aurait bien aimé avoir une baguette magique pour tout réparer. Ce serait bien, non ?

- Oh, ce sont des ingrats, ils ne le comprendront jamais affirme-t-elle, amusée. Je te promet, ce sera une délivrance quand tu seras libéré de ton plâtre. Et je sais de quoi je parle, note-t-elle.

Et le message bizarre, elle se doute de savoir ce que c'est. Elle aussi en a reçu. Mais elle préfère ne pas inquiéter Terrie avec ça. Mieux vaut ne pas trop s'en occuper. Hetty restait zen malgré bien des situations. En fait, plus ça l'agaçait et la contrariait, plus elle tentait d'en faire abstraction et de rester zen. C'était quand même pas une lettre de l'alphabet qui allait lui pourrir la vie. Elle y arrivait très bien toute seule de toute manière !

- Bah, si ça se trouve, t'as reçu ça par erreur. Ça m'est arrivée y a pas longtemps, un type qui se cherchait de la cam. Marrant quand on sait que mon père élève les chiens pour la brigade K9 partout en amérique. Et elle dévisage Terrie quelques secondes, souriante, avant de devenir sérieuse. Tu sais, je suis vraiment ton amie, tu peux piquer une crise et en vouloir à la terre entière de temps en temps, tu sais. Je dirai rien à personne, dit-elle en lui adressant un clin d'oeil complice.

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C'est juste qu'il n'y a rien...

AVEC HEATHER S. SPENCER

 

L’amnésie ferait-elle de Terrance une personne différente ? Elle n’osait pas l’évoquer mais cette idée la terrifiait quelque part. Et si elle n’avait plus rien à voir avec ce qu’elle était, et si elle était désormais une toute autre personne, quelqu’un de totalement nouveau oui, mais de totalement différent. Une personne qui ne plairait plus à son entourage… L’idée était plus qu’effrayante, et si elle n’avait osé en parler jusqu’à maintenant, c’est sûrement parce qu’elle ne voulait pas qu’on la trouve idiote, elle qui pourtant était un vrai génie avant cela. Et c’était certainement stupide de penser cela d’ailleurs. Mais son état d’esprit n’aidait pas tant la jeune femme à se sentir réellement bien pour le moment, cela lui passerait sans doute avec des soutiens tels que Hetty et Nigel. « T’es mon amie. T’es qui tu veux être. » Le sourire de Terrance avait été instantané à la simple entente de cette phrase.

« Merci. » Répondit la blondine en souriant. « Mais tu sais, tu ne pourras pas me séquestrer éternellement, un jour tu devras me rendre les clefs de mon appart’. » Ajoute-t-elle en rigolant. Bien sûr pour le moment, il n’est pas question pour Terrie de rester seule chez elle, même avec les chiens. S’il lui arrivait quelque chose, suite à l’accident, les deux compagnons à quatre pattes ne pourraient pas faire grand-chose. La prudence était encore de mise avec l’état de Terrance.

Les deux chiens décidèrent finalement de rester calmes, posant leurs têtes respectives sur les jambes de la blondine. Ils avaient sûrement su que quelque chose clochait quand ils ne l’avaient pas vue revenir à la maison, et elle avait dû leur manquer. Et ils devaient effectivement être aussi impatients que la blondine qu’elle soit libérée de son plâtre. Oui, retirer ce plâtre sonnait comme une future délivrance pour l’amnésique, et plus les jours passaient et plus elle avait l’impression que le médecin retardait ce moment.

« Je pourrais retourner bosser surtout. Il paraît que mon père est un vrai tortionnaire avec Scott en ce moment. »

Elle avait appris ça par Nigel. Apparemment Mr Austen n’était pas des plus tendres avec l’apprenti vétérinaire de Terrance, le fameux Scott. Cela emblait toujours étrange à Terrie de prononcer des prénoms sans savoir réellement qui étaient les personnes. Bien sûr, on lui avait dit qui était Scott, et elle l’avait vu, lui aussi était passé la voir à l’hôpital. Mais elle avait toujours cette impression qu’elle était familière avec des étrangers… Elle oubliait bien vite le SMS étrange qu’elle avait reçu, qui n’avait aucun sens pour elle, même si en y réfléchissant trois secondes, on y parlait bien de ses deux compagnons canins. Bien sûr, la jeune femme sourit à l’histoire de son amie, oui c’était assez marrant d’imaginer une chose pareille, puis le sérieux revenait.

« J’ai envie de crier plusieurs fois par jour, mais je me retiens. J’ai peur que ta mère me croit définitivement perdue et irrémédiablement folle. » Lâcha-t-elle d’abord en plaisantant. Elle reprit une minute son sérieux pour lui dire. « En vrai, j’ai envie de crier parce que les gens me montrent qu’ils me connaissent mieux que moi-même… Pourquoi se sentent-ils obligés de me faire des phrases du style « T’étais comme-ci avant »… j’ai l’impression que si j’ai changé d’un iota, ça va être un drame national ! »

 

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Le simple chant des aboiements

Ft. Terrie M. Austen

L'indépendance est quelque chose d'important. Mais Hetty estime que la solidarité et l'appartenance sont tout aussi important. Elle n'est pas bornée et elle n'a pas l'esprit obtus. Elle s'adapte à toute chose et à tous et chacun. Elle ne déteste personne en général. Même Linus, s,il occupe un statut particulier, elle ne le déteste pas. Certes, c'est un gros con, mais c'est tout de même Linus. Elle sourit en retour à celui de Terrie. Celle-ci la remercie, tout en précisant de ne pas la séquestrer. Hetty esquisse une moue pensive.

- Mince, et moi qui voulait relouer l'appart au double du prix pour me faire un peu de fric en plus. Ils auraient pu sous-louer l'appart, pour ajouter un peu de revenus à Terrie, mais les spencer n'étaient pas du genre à chipoter, Terrie allait et venait chez eux depuis que son père avait commencé à soigner les chiens Spencer. Quand le doc t'aura donné son feu vert, je te les redonnerai. Mais je vais faire quoi, moi, quand tu repartiras ? Je vais réfléchir à la séquestration, dit-elle en gloussant. Faut pas s'en faire, ton père est de la vieille école, il a un peu de retard sur tout ce que Scott vient mettre en pratique. Ton père n'est pas tout à fait à jouer avec les nouveautés, les nouvelles règles et les autres trucs du genre. Et Scott, lui, met en application ce qu'il apprend, mais il manque d'expérience. Ils vont prendre le temps de travailler ensemble. Ton père était pareil avec toi quand tu as terminé tes études. Il te surveillait et te reprenait sur tout. Ça finit par passer.

Elle écoute attentivement Terrie, parce qu'elle avait besoin de se confier et c'est le rôle d'une amie, non ? Hetty espérait vraiment que Terrie estime être sa meilleure amie, parce que pour Hetty, Terrie l'était, même si elles devaient réapprendre à se connaître. Tout le monde change avec le Temps, Hetty en est consciente, mais le changement s'était fait abruptement avec Terrie. Mais en même temps, Hetty n,était pas certaine que Terrie avait vraiment changée. D'accord, elle n'agissait pas exactement comme avant, elle aimait maintenant des choses qu'elle détestait avant et vice-versa. Mais en général, Terrie agissait envers les autres avec le même intérêt. Terrie se souciait de ce que les autres ressentaient. Hetty avait beau être plus sociable avec les gens, ça ne signifiait pas qu'elle s'en souciait d'avantage.

- Laisse-les avec leurs drames. Oui, t'as changé un peu, t'aime le café par exemple. Je vais pas me plaindre pour ça, tu peux me croire, dit-elle en riant. Les choses changent Terrie. Les gens changent aussi. La seule différence, c'est que tu n'as pas les références antérieure à ton accident. Tu peux pas dire aux gens « oui, je sais, avant j'étais comme ça, mais ça changé. » Tu peux juste leur dire « maintenant, je suis comme ça » Elle lève l'index et elle le pointe sur Terrie, avant de plisser les yeux. Je t'interdis de faire semblant d'aimer ou détester quelque chose, sous prétexte que les gens ont dit que tu le faisais avant. Tu peux tout essayer, pour voir si t'aime ou pas. Mais après, y a que toi qui peut le décider, affirme-t-elle avec une farouche détermination. Puis elle sourit. Et tu peux hurler autant que tu peux, je crois pas que ça change quoique ce soit à ce que pense ma mère. Comme mon père d'ailleurs. Et moi non plus. elle affiche un court instant une mine pensive. Tu sais, je crois que les gens qui te disent que t'étais comme-ci et comme ça avant, ils croient juste que ça peut t'aider à te souvenir. Peut-être que ça viendra, peut-être que ça ne viendra pas. Fais ce que tu crois pour toi.

Hetty n'osait pas obliger les gens à quoique ce soit. Elle avait été échaudée avec Linus. Plus jamais elle n'exigerait quoique ce soit de quelqu'un. Jamais plus elle n'obligerait quelqu'un à quoique ce soit, surtout pas parce qu'elle croit que c'est mieux pour eux. Et pis d'abord, elle déteste quand on lui fait ça.

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C'est juste qu'il n'y a rien...

AVEC HEATHER S. SPENCER

Toute cette situation est tellement déstabilisante, et à la fois tellement étrange que quatre-vingt-dix pourcents du temps, Terrance ne sait pas comment réagir, comment être elle-même. Surtout parce qu’elle ne sait pas qui c’est cette « elle-même ». Peut-être ne le saura-t-elle jamais d’ailleurs, peut-être qu’elle ne pourra compter que sur ceux qui la connaissent depuis toujours pour savoir qui elle était autrefois. Heather… c’était elle qui en savait le plus sur elle maintenant, c’était Heather qui aurait pu répondre au plus grand nombre de questions qu’elle se posait, mais… bizarrement Terrie n’avait pas envie de lui poser, pour une raison qu’elle n’aurait pas pu identifier. Pour le moment, l’atmosphère est plus détendue, les deux jeunes femmes rient.

« TE faire un peu de fric ? Hé c’est mon appart, j’te jure ! » S’indigna la jeune femme en rigolant. « Et puis non, il doit y avoir des trucs dans mon appart que personne ne doit voir, j’suis sûre. » Dit-elle alors qu’elle n’en sait strictement rien, mais tout le monde a ses secrets, non ? Peut-être que la police y est passée, mais rien n’est moins sûr.

Heather lui parle avec de son père, lui donnant son avis sur ce qu’il se passe à la clinique et sur la façon dont est son père. S’il y a deux personnes dont Terrance n’est pas si proche qu’on aurait pu le croire depuis son accident, ce sont bien ses parents. « J’ai l’impression que ce n’est pas un truc dont il faut que je me souvienne absolument. » Lâche-t-elle avec un regard suspicieux, mais qui se veut humoristique. « Je ne suis pas tellement proche de lui ou de ma mère depuis que je suis sortie du coma. » Reprend-t-elle plus sérieuse. « Est-ce que j’étais déjà distante avec eux, avant ? » Demanda-t-elle à Heather. « Ça me fait bizarre, ils… ils ne me manquent pas vraiment… contrairement à toi ou à Nigel, ça me manque de ne pas avoir de souvenirs avec vous, mais pas… pas avec eux, j’ai pas autant de peine pour eux… je suis une fille indigne… » Lâche-t-elle finalement alors qu’elle fait une moue… indignée ?

Terrance a visiblement un grand besoin de se confier, et ça tombe bien qu’Hetty soit venue la rejoindre, et partager un café avec elle. D’ailleurs Heather n’est pas seulement la confidente, elle est aussi celle qui n’a pas froid aux yeux, celle qui lui dit les choses clairement ! Alors bien sûr, elle ne peut pas se confier à quelqu’un d’autre, et à cet instant d’ailleurs, Heather lui dit ce qu’elle pense sans demi-mesure, elle lui interdit même des choses, ce qui fait sourire la blondine. Mais Heather a raison, Terrance n’a pas besoin d’être autre chose que ce qu’elle veut être, peu importe si ça plaît ou pas.

« Je n’arrive plus à voir la… bonté ou la gentillesse des gens… c’est trop étouffant je crois. Ils m’étouffent et du coup, j’ai envie de les tuer… » Lâche-t-elle comme une bombe. « Mais je contrôle mes pulsions, rassure-toi. » Ajoute-t-elle.

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Le simple chant des aboiements

Ft. Terrie M. Austen

C'était plaisant de rigoler avec Terrie, comme avant, même si le fond du sujet était sérieux. Bizarrement, même en sachant que Terrie ne se souvenait de rien, Hetty se sentait toujours si à l'aise avec elle. Hetty n'avait qu'à expliquer un peu pour partager. Elle espérait que c'était aussi le cas pour Terrie. Déjà, elle avait conservé le même genre d'humour. Elle ne s'offusquait pas des blagues d'Hetty. De toute manière, elle devait bien savoir que tout ce que disait Hetty n'était pas à prendre au sérieux.

- Tous les moyens sont bon pour se faire du fric, blague-t-elle. Suffit d'aller retirer tout ce qu'il ne faut pas voir et après, c'est bon, je me fais une fortune, dit-elle en en ajoutant une couche.

Puis le sujet redevient plus sérieux. Terrie confie qu'elle ne sait pas trop comment réagir avec ses parents et qu'elle a l'impression qu'ils ne lui manquent pas. Les sourire joyeux d'Hetty se fige un peu et sans le vouloir, elle a un petit froncement de nez qui dénote une certaine réticence que que c'est pas son sujet préféré. Et c'est le cas. Mais ouf, quand même, ça faisait des années qu'elle n'y avait pas pensé. Ça faisait tellement longtemps. Elle fronce les sourcil légèrement et prend une mine dubitative un moment, tentant de rassembler ses souvenirs.

- En fait oui, ça fait un bon moment, mais j'ai jamais bien comprit pourquoi et t'aimais pas en parler... non sang, ça fait un bail que ça ne m'a pas effleuré l'esprit... le froid entre tes parents et toi, c'est devenu comme... comment dire... une habitude ? Elle prend le temps d'y réfléchir. En fait, un jour t'es arrivée à la ici, assez énervée en disant que tes parents te mentait et que tu ne voulais plus jamais retourner chez toi. Évidemment, ça ne s'est pas passé comme ça, précise Hetty en souriant. On a tenté, moi et mes parents, de te faire expliquer pourquoi tes parents te mentaient, mais on n'y a pas comprit grand chose... et je pense que tu savais pas trop toi non plus. T'as surtout assuré que tu savais qu'ils te mentaient., mais tu ne savais pas sur quoi et pourquoi ils te mentaient. Mes parents ont tenté de savoir ce qui s'était passé et ils n'ont rien comprit, pas plus que tes parents je crois... enfin, sauf si vraiment ils mentent et là, ben je sais pas du tout puisque tu ne savais pas toi non plus à quel sujet. Il me semble que t'avais parlé à un homme, mais je me souviens pas à quel sujet... de toute manière, tes parents t'avaient engueuler parce qu'il ne faut pas parler aux inconnus... explique Hetty en plissant les yeux sous l'effort de réflexion. Elle ouvre soudainement grand les yeux, se rappelant visiblement de quelque chose. Oh, il me semble qu'on avait plaider que c'était pas vraiment un inconnu... ça avait un lien avec quelqu'un dans notre classe cette année là... un parent ou quelque chose du genre. Bon sang, qui c'était... s'interroge-t-elle.

Et tandis qu'elle s,interroge, Terrie continue en expliquant qu'elle a bien envie de tuer tout le monde, ce à quoi elle ajoute qu'elle se contrôle. Hetty perd sa concentration.

- J'espère bien que tu te contrôle, hurle-t-elle presque. J'ai tellement eu peur de te perdre quand tu étais dans le coma, tu crois que je supporterais que tu sois expédier en prison ? J'aurais l'impression de te perdre encore, lance-t-elle avec avec une intonation plaintive avant de, réaction spontanée, de se pencher vers Terrie, de la prendre dans ses bras et de la serrer fort. Toi t'es pas près de retourner vivre dans ton appart, ajoute-t-elle d'un ton possessif qui se veut blagueur. Je te garde avec moi toute la vie !

© Leeyarom