somewhere, we'll find the peace

Sasha et Elizabeth

Encore des regards en coin. Depuis quelques semaines maintenant, elle y avait le droit. Qui avait bien pu trouver ces infos ? Qui avait eu l'idée de fouiller dans son passé ? Oui c'est vrai, rien n'était véritablement caché et taper son nom sur internet revenait sans doute à tout savoir mais il fallait en avoir l'idée. Qui ? C'était la question. Elle ne s'était encore mis à dos personne dans cette ville et pourtant les regards de certains voisins en disaient long. Elle n'avait fait que parler à son agent de probation depuis qu'elle était là. Et ça ne pouvait tout de même pas être lui ? Lizzie commençait à fulminer. Non. Il n'y avait pas intérêt à ce que ce soit lui. Cela dit, elle était en plutôt mauvaise posture pour jouer les femmes outrées. Au moindre écart, c'était retour à la case départ. Autant éviter ça !

Lasse des regards mauvais et insistants, Lizzie avait décidé de s'éloigner de la foule. La nature, voilà ce qui pouvait l'apaiser. Les arbres, l'herbe qu'on sentait fraîchement coupée ou même les fleurs. Elle n'en avait pas vu pendant près de dix ans. Elle entendait les skateurs au loin et leurs rires qui lui rappelait qu'elle était loin de son environnement habituel ces dernières années. Elle sourit un bref instant, imaginant enfin pouvoir vivre un peu, avant que son visage ne se torde dans une expression de tristesse et de mélancolie. Lizzie pensa à tout ce qu'elle avait loupé, à ce qu'elle avait perdu. Les bêtises qu'elle avait faite, les autres qu'elle n'avait pas faites et surtout celles qu'elle ne n'étaient toujours pas sûre d'avoir faites. Dix ans, c'était long pour y songer et la conclusion la plus logique s'imposait à elle : coupable. Malgré tout, une part d'elle refusait cette éventualité. Mais quoi sinon ? Qui ? Elle avait été la seule sur les lieux, la seule à devoir assumer cet acte affreux. Il fallait qu'elle se rende à l'évidence, chaque jour un peu plus. Elle était véritablement telle que ces gens semblaient tous la voir.

Un passant. Lui aussi avait le regard mauvais. Et la petite grand mère sur le banc d'en face qui resserrait sa prise sur le sac à main comme si Lizzie allait foncer droit sur elle pour le lui arracher. Ils avaient peur, presque tous. Elle se pencha en avant, les coudes enfoncés dans ses cuisses, le visage caché par ses mains, refusant de voir une minute de plus ces visages, saisissant un mot de la vieille : monstre. L'était-elle ? Elle commençait à y croire.
   

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« Elizabeth & Sasha »

Lewiston est un endroit paisible et calme. Sasha a toujours aimé être ici! Ses racines y sont ancrées, les souvenirs bien présents... Elle a beau avoir vécu à New York et adorer cette ville, Lewiston reste spéciale dans son coeur... La jeune femme est chez elle ici et c'est en pensant pouvoir reprendre un nouveau départ qu'elle s'était installée. Elle était engagée et bien intégrée dans l'équipe de pompier de la ville, elle aimait son boulot et pourtant certaines choses continuaient de la tirer vers le bas... Elle n'était pas vraiment heureuse même si elle prétendait le contraire et continuait de sourire malgré tout. La jeune femme est assez perturbée par ces textos qu'elle recoit de ce -S, par les questions que sa mère laisse sans réponses et tous ses démons qui refont surface...

La journée pour elle. C'était son programme du jour! Après avoir prit une douche, son petit déjeuner et téléphoné à sa tante pour checker son état, la brunette avait enfilé ses vêtements de sport. Les écouteurs dans les oreilles, elle avait décidé qu'aujourd'hui, elle se défoulerait au Hells Gate State.
Ce parc était magnifique, elle l'avait toujours adoré et sa grand mère l'y avait emmené tellement de fois qu'elle pourrait dire qu'elle le connaissait par coeur.
Sasha était bien essoufflée quand elle arriva à proximité de ces bancs. Il y avait quelques personnes installée et elle fit quelques étirements en observant ce qui se passait autour d'elle. Elle avait bien remarqué la façon d'agir des gens et resta un peu en retrait. Sa musique n'allait plus très fort et son regard ne pouvait que se poser sur cette femme aux longs cheveux bruns qui semblait mal à l'aise.

Elle avait vaguement entendu les gens parler... Depuis un ou deux mois, il y avait des mauvaises langues de tout côtés de la ville qui ne faisaient que mentionner cette nouvelle voisine qui avait fait de la prison. Ils disaient qu'elle était dangereuse, qu'elle n'avait rien à faire dans leur ville et qu'elle n'attirerait que des problèmes! A croire que les gens n'avaient que ça à faire!
La petite vieille sur le banc, Sasha la connaissait bien. Elle était une amie de sa grand mère et elles allaient souvent prendre le 4h chez elle quand elle était plus petite. Elle ne la connaissait pas comme ça et quand elle perçu ce mot, elle fut assez étonnée. Sasha la regarda et ne cacha pas son mécontentement. Autant envers elle que vers ces autres personnes qui la dévisageaient.

- Vous n'avez rien de mieux à faire tous?! Si ça vous dérange, allez plus loin ou restez chez vous! Et puis, vous devriez avoir honte de parler comme ça!

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Sasha et Elizabeth

En emménageant à Lewiston, Lizzie pensait sans aucun doute mettre son passé derrière, le mettre aux oubliettes et certainement pas devoir y faire face comme maintenant. Mais c'était à croire que tout se savait dans cette ville. Pouvait-elle seulement espérer vivre normalement. La directrice de l'établissement dans lequel elle travaillait, bien en dessous de ses compétences avait accepté de la prendre tout en connaissant les faits mais, pourrait-elle seulement lui permettre de rester lorsque tous les parents d'élèves seront venus de plaindre de sa présence près de leur enfant. Bien sûr, on s'arrangeait pour que les horaires d'Elizabeth diffèrent de ceux des enfants, elle travaillait souvent de nuit ou tard dans la soirée et malgré tout, elle avait peur. De perdre de son emploi, de ne pas en retrouver un, de finir cloîtrée chez elle, de faire une connerie. C'était comme un boulet qui refusait de lâcher sa cheville, ce passé était tenace, il lui avait tenu compagnie trop longtemps c'était comme une empreinte.

Elizabeth était étonnée. Elle qui se disait à l'instant que les insultes continueraient encore des heures dans sa tête fut surprise d'y entendre une autre voix se glisser. Une voix inconnue et bienvenue qui paraissait rembarrer les autres. Elle releva la tête. Il s'agissait en fait d'une jeune femme, une petite brune qui devait sans doute passer par là. Elle avait pris sa défense. C'était gentil. Pourtant Lizzie ne put pas s'empêcher de penser que si l'inconnue connaissait son passé, elle réagirait comme les autres. Ses détracteurs semblaient toutefois s'être apaisés suite à la tirade de la jeune femme et certains continuèrent leur chemin, faisant toujours cet écart à l'approche du banc sur lequel était assise Elizabeth. Cette dernière profita de l'accalmie pour se relever, souriant faiblement à cette jeune personne qui étonnamment, lui inspirait un sentiment très positif. « Merci. » Puis tanguant d'un pied sur l'autre, ne sachant pas trop quelle attitude adopter et surtout, ne voulant pas se rapprocher plus de peur que quelqu'un appelle à l'aide, fit une vague moue lasse. « Mais ne vous en faites pas. Ce n'est pas grave. » Habituée par tout ça, elle appréciait énormément le geste de la jeune femme mais le pensait inutile, ça recommencerait dix secondes plus tard.
   

Spoiler:

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« Elizabeth & Sasha »

Faire du sport lui permettait de se vider la tête. Et Sasha en avait bien besoin! Le temps était au rendez vous, la musique l'aidait à s'évader et c'était comme si ses jambes allaient toutes seules. Elle courrait depuis presque deux heures sans se rendre compte de l'heure qu'il était. De toute façon, elle n'avait rien à faire et personne ne l'attendait! Elle commençait à s'essouffler quand elle arriva vers ce petits coin garni de bancs. C'était agréable de pouvoir se poser là et les souvenirs revenaient à chaque fois. Petite, elle passait des heures à nourrir les oiseaux avec sa grand mère. Sasha avait un petit sourire sur les lèvres qui s'en alla assez rapidement quand elle cru entendre ces personnes mal parler.

Elle n'aurait jamais pensé ça de l'amie de sa grand mère. D'ailleurs, elle ne put que montrer son mécontentement! Elle n'avait pas raté les commères de Lewiston qui parlaient de cette femme ou encore tous les bruits de rues! Colporter des ragots comme ça, elle avait horreur! Du haut de son 1,57m, la brunette fit comprendre qu'ils devaient être honteux de parler de la sorte. Elle n'avait pas froid aux yeux et après sa petite tirade, quelques personnes se mirent à passer leur chemin. Même la petite vieille détourna le regard en gardant ses paroles pour elle.
Sasha se tourna alors vers la jeune femme brune et lui fit un petit sourire désolé. C'est qu'elle avait honte des gens de sa ville pour le coup! Sha était un peu intriguée et en croisant le regard de la brunette, elle sentit qu'elle n'avait rien à craindre. Elle n'inspirait vraiment pas la peur. Quand elle l'entendit la remercier et lui dire que ce n'était pas grave, Sasha hocha négativement la tête.

- De rien, c'est normal! Ils n'ont pas le droit de vous regarder ou de vous parler comme ça... Ils feraient mieux de s'occuper de leurs fesses!

La miss Savannah s'approcha un peu. Elle ne voulait pas non plus s'imposer et la déranger. Elle ne savait pas trop quoi faire alors elle se contenta de rester à quelques pas d'elle et de lui envoyer un de ses jolis petits sourires rassurants!

- Je m'appelle Sasha!

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Sasha et Elizabeth

Pourquoi cette jeune femme l'aidait ? C'était une question que se posait Elizabeth à l'instant même. Ça n'avait rien d'habituel. Elle ne devait vraiment pas être du coin. Autrement, elle ne réagirait pas comme ça. Elle l'aurait insulté, raillé et aurait chuchoté comme les autres. Lewiston n'était pas une ville pour elle mais étrangement, elle se refusait à penser d'un ailleurs. Premièrement et tout simplement parce qu'elle n'en avait pas le droit, sans doute à cause de ce qui enfermait sa jambe gauche dans un étau, parce qu'il lui fallait faire des signes de vie assez souvent mais aussi, dans sa tête, parce que c'est ici qu'elle avait été. C'était à Lewiston qu'elle avait vécu pour le peu de temps qui lui avait été accordé. C'était comme un pèlerinage, une pénitence de pardon si les dix ans enfermés ne suffisaient pas. Alors elle restait dans cette ville qu'elle détestait pourtant.

Cette jeune femme l'étonnait, pas son attitude vis à vis d'elle. D'ordinaire, les gens se méfient au moins un minimum notamment parce qu'elle paraît si renfermée voire secrète qu'ils ont tôt fait d'imaginer des choses sur son compte et à la craindre. Pour la première fois depuis son arrivée, Lizzie esquissa un sourire de remerciement, dur mais un sourire tout de même ! Elle la vit toutefois s'approcher et instinctivement, se recula. Pas trop près. Comme un animal sauvage peureux mais surtout méfiant. Elle pouvait l'être. Si la jeune femme semblait tout à fait honorable, ce n'était qu'une impression, les faits pouvaient être différents. On lui avait déjà fait des coups tordus. Les coups bas, elle connaissait. Très vite, la jeune femme se présenta : Sasha. Elle se rassura en notant le doux sourire de Sasha et enchaîna les présentations : « Elizabeth. » Fit-elle avant de continuer sa marche en invitant, à distance toutefois, la jeune femme à la suivre. « C'est gentil de vous être arrêté pour … dire quelque chose mais vous savez, ça ne sert pas à grand chose, vraiment pas. » Elle enfouit les mains dans ses poches tout en continuant à marcher. « C'est une habitude à prendre, ça apparaît presque comme une coutume de Lewiston finalement. » Rire jaune, sourire sceptique. Elle tentait au mieux de paraître indifférente mais au fond, elle ne l'était pas. Si on le lui demandait … elle imaginait bien se débarrasser des colporteurs dans la rivière et surtout, si on lui demandait, elle ne se retiendrait pas de dire clairement ce qu'elle pensait de ces personnes. Mieux ne valait pas lui demander !
   

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« Elizabeth & Sasha »

Sasha s'était arrêtée pour pousser sa beuglante! Leurs réactions n'étaient pas normales!  Une fois, ça va, mais quand c'était à ce point, elle ne pouvait pas laisser faire! Pourquoi? Elle n'en savait absolument rien! Elle avait entendu tout ce qui se disait sur cette femme, mais la brunette est du genre à laisser le bénéfice du doute à tout le monde! Jusqu'à ce qu'elle se prenne une claque en pleine figure évidement. Mais on ne la changera pas...

Debout, les bras croisés, elle montrait vraiment bien son mécontentement et les gens finirent par passer leur chemin. Pour le coup, elle était plutôt satisfaite et ne tarda pas à sourire à la jolie brune face à elle. En s'approchant, Sasha remarqua bien qu'elle eut un mouvement de recul. Alors, elle n'allait pas trop pousser. Elle se présenta et agrandit son sourire quand l'autre brune fit pareil.

-Vous ne devriez pas les laisser faire. Ils n'ont pas à faire ça...

La petite brune haussa les épaule. Elle avait vraiment beaucoup de mal avec ce qui se passait! Pourquoi pas lâcher un peu de leste et s'occuper de ce qui se passe dans leur maison. Mais elle avait raison, c'était une habitude des habitants. Elle l'avait clairement remarqué depuis qu'elle était revenue ici!

- Tout le monde n'est pas comme eux vous savez. J'ai grandit entre ici et New York, c'était un endroit beaucoup plus respectueux avant. C'est vous qui avez choisis de venir vous perdre ici?

Sasha ne voulait pas se montrer intrusive, mais elle avait bien envie d'en apprendre un peu plus. Parce que cette jeune femme l'intriguait quand même. Non, elle n'en avait pas peur! Elizabeth même si elle semblait assez froide, n'avait pas l'air d'une criminelle! C'était bizarre, comme si elle se sentait attirée vers cette inconnue. Elle avait envie de l'aider, elle ne pouvait pas s'en empêcher...

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Sasha et Elizabeth

Ils n'ont pas à faire ça … Sans doute que si. Elle avait d'une certaine façon signé pour ça en faisant ce qu'elle avait fait et surtout en recevant le verdict du peuple. C'était sans aucun doute tout ce qu'elle méritait. Tout ça restait simplement dur à vivre au quotidien. Elle aurait bien voulu laisser son passé derrière elle. Malheureusement, ça n'avait pas été possible et elle subissait les conséquences de ce même passé ! Avec tout le monde, presque tout le monde. Sasha faisait apparemment exception ce qui la rendait quelque peu méfiante. Comment ne pas être sûre qu'il s'agissait là d'un jeu et que, d'ici quelques minutes, elle lui jetterait des briques à la figure ? Elizabeth ne pouvait pas savoir, resta sur ses gardes.

Elle n'avait aucune illusion du monde dans lequel elle vivait. Elle connaissait les réactions prédéfinies, les chuchotements qui se faisaient entendre … Elle avait du mal à y croire, du mal à croire que tout le monde n'était pas ainsi. C'était étonnant la façon dont les habitants de cette ville réagissaient à tout ce qui pouvait se dire. C'était affligeant de voir à quel point les rumeurs et les ragots avaient leur place par ici. Mais que pouvait-elle faire à part subir ? Strictement rien … Elle sourit faiblement malgré tout, à la jeune femme qui tentait de faire la conversation. Lizzie aurait voulu lui dire, qu'elle n'était pas obligée de faire ça, qu'elle pouvait partir sans se retourner. Mais la vérité, c'est que ça la changeait des autres habitants. C'était une bouffée d'air frais. Elle s'étonna elle-même de penser ça … Enfin, son attention revint sur Sasha et soudainement, elle fut certaine que celle-ci n'avait pas connaissance de son passé. Dommage … elle n'avait rien contre la jeune femme mais c'était sûr, une fois qu'elle connaîtrait son passé, la jeune fuirait à toute jambe. En attendant, elle chercha la réponse adéquate avant de finalement parler sans plus réfléchir. « Oui et non. » Puis elle réalisa que c'était bien peu comme réponse même si habituellement, elle n'aurait rien ajouté de plus. Étrangement peut-être, le fait que Sasha l'ait défendu la poussait à se montrer plus conciliante et surtout plus bavarde … un peu. « Je voulais venir. Mais j'aimerai bien repartir si je pouvais. » Finit-elle en observant tout sauf la jeune femme face à elle. « Vous êtes originaire de Lewiston alors ? » Essaya-t-elle de dire dans le but de faire la conversation, de se sociabiliser. Elle observa les environs, s'imaginant voir sortir des fourrés, une équipe pour la ramener dans une pièce fermée pour avoir osé parler à quelqu'un...
   

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« Elizabeth & Sasha »

Là où certains auraient vu de quoi prendre ses jambes à son cou, Sasha elle, n'avait pas peur. Non, elle avait toujours laissé le bénéfice du doute aux gens! Ca ne changerait pas maintenant! Et puis, elle préférait se faire son opinion d'elle même plutôt que d'écouter tous ces commérage qui circulaient au sujet de Miss Ashe! Elle ne connaissait que trop bien les citoyens de Lewiston! Il y en a toujours un à l’affût de la moindre nouveauté et du moindre ragot à raconter. A croire qu'ils gagnaient quelque chose en agissant comme ça!

Elle agissait normalement avec la jeune femme. Après s'être présentée, elle avança un peu avec elle. Sha avait bien remarqué qu'elle ne devait pas aller trop près, mais ça lui faisait plaisir de pouvoir discuter avec elle. Elizabeth semblait quelqu'un de plutôt gentil. Sasha se mit à penser à la tête que ferait sa mère si elle apprenait qu'elle avait passé un moment avec elle. Erika n'est pas du genre aussi conciliante que Sasha, elle met parfois vite des étiquettes sur les gens. Le mieux serait sans doute de garder pour elle!

- Qu'est ce qui vous empêche de partir si vous ne vous plaisez pas ici?

La brunette ne voyait pas pourquoi elle était obligée de rester à Lewiston si elle n'en avait pas envie! Enfin, elle ne connaissait pas plus en détails les obligation qu'on avait après avoir passé du temps en prison. Elle se renseignerait plus tard auprès de Peter ou Connor...  

- Je suis née ici. Ma famille est ancrée là depuis quelques générations. Mes parents ont cassé la chaîne en déménageant pour New York

Sha remarqua bien qu'elle ne semblait pas tranquille. Sans vraiment réfléchir, elle se rapprocha et posa doucement sa main sur le bras de la jeune femme. Comme si elle voulait la rassurer en la voyant regarder autour d'elle.

- Vous savez, je ne pense pas qu'il vont revenir vous ennuyer...

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Sasha et Elizabeth

Se sociabiliser, un concept qu'elle n'avait jamais réellement pu tester au cours des dernières années. C'était nouveau et évidemment, il n'y avait aucune notice. S'il y avait une bonne manière d'aborder les gens, Lizzie n'était bien sûr pas au courant. C'était comme tout ce monde dans lequel elle évoluait maintenant, elle se sentait comme une étrangère. Bien sûr, la prison, ce n'était pas être coupée du monde mais tout de même, les diverses magasines retranscrivaient très mal ce qu'il se passait. Les mentalités n'avaient pas vraiment évoluées, ce n'était pas ça. Mais la technologie, les boutiques, les modes, tout avait changé et elle n'était pas sûre du tout d'apprécier ce qu'elle voyait chaque jour. Dépassée et parfois perplexe face aux comportements de chacun, elle se sentait perdue. Se sociabiliser, c'était la même chose. Elle se sentait perdue et cette vague conversation avec la jeune Sasha ne dérogeait pas à la règle. C'était en partie du à ce que chacun chuchotait, à tout ce qu'elle ne voulait pas dire. Dissimuler des choses, compliquait vraiment son extraversion.

Pourquoi restait-elle ? Voilà une question qui mettait en pratique ce qu'elle s'évertuait à comprendre et cacher. C'était l'une de ces questions improbables à laquelle elle ne pouvait pas répondre, jamais. Jamais. C'était la chose à laquelle elle pensait chaque jour, le pourquoi de sa venue et le pourquoi de son non-départ. Bien sûr, ce n'était pas la seule raison et maintenant qu'elle était là, elle ne pouvait plus partir notamment parce que son agent de probation ne le permettrait pas, tout comme le système judiciaire mais pour elle, c'était loin d'être la raison majeure. Elle ne pouvait tout simplement pas. Parce que c'était cette ville qui avait eu de l'importance dans sa courte vie. « Je n'aime pas cette ville c'est vrai mais je m'y sens attachée et j'ai quelques obligations qui me forcent à rester. » C'était une réponse convenable, Elizabeth était étrangement fière d'elle pour le coup.

Mais très vite, sa méfiance prit le dessus et son regard vagabonda à nouveau sur ce qui l'entourait, certaine que cet instant de bavardage lui serait vite reproché. Elle écoute néanmoins la réponse de Sasha, y répondant très distraitement : «  Ah. C'est … bien ça. » Elle avait entendu, elle aurait pu lui répéter ce qu'elle venait d'entendre mais son regard et son attention étaient petit à petit happés par la peur. Mais la jeune femme la ramena à ce qu'il se passait là. « Hum ? » Fit-elle avant de reporter son regard sur la brune. « Pardon … je n'ai pas l'habitude de discuter comme ça de tout et de rien, j'ai l'impression de transgresser une règle universelle ou en l'occurrence d'aller dans le sens contraire des habitants. » Elle recommença la marche, préférant cela plutôt que de rester là, se sentant observée bien que ce ne soit pas tout à fait vrai. « Vous devriez continuer votre jogging Sasha, je ne suis pas vraiment la meilleure compagnie qui soit, vous ne me connaissez même pas. » Finit-elle par dire, ne souhaitant pas créer plus de problème qu'il n'en existait déjà.

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Expéditeur: Unknown
Destinataire: Sasha E. Savannah
Message reçu, aujourd'hui.

Enfin quelqu'un qui te ressemble ... je sens que vous avez beaucoup de choses à vous dire. Mais dis-moi, as-tu été aussi radicale qu'elle ? C'est peut-être pour ça que personne n'a de nouvelles de ton père ... Que penses-tu pouvoir nous cacher encore, sale petite menteuse ?!
-S

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« Elizabeth & Sasha »

N'est pas sociable qui veut! Alors que certains vont d'emblée aller vers les gens, d'autres sont plus réservés et préfèrent se retirer, s'éloigner de la société. C'est d'ailleurs aussi cette société elle même qui veut ça. Les gens parlent sur ce qu'ils ne savent pas, sont individualistes... Sasha n'avait jamais vraiment eut de problème de ce côté. Elle est depuis toute petite, de nature à vouloir connaitre les gens, à essayer de voir derrière les barrières qu'ils se forgent ou à tenter de prouver que les autres ont tort dans leur façon de voir.

C'est un peu ce qui se passe avec Elizabeth. Sans trop savoir pourquoi, elle se sent attirée vers elle, vers son histoire. Peut-être a-t-elle aussi envie de pouvoir l'aider en lui montrant que tout le monde à Lewiston n'est pas mauvais!
La question sortit tout naturellement. C'est vrai après tout... Pourquoi rester? En entendant la réponse, Sasha haussa légèrement une épaule.

- Oh! Vous avez vécu ici? Ou vous avez de la famille peut-être?

Rougissant un peu, elle se rendit compte qu'à cet instant, elle était intrusive et s'excusa du regard. Elle répondit à la question de la jeune femme mais remarqua bien qu'elle était ailleurs.
Toute douce dans son geste, Sha la ramena un peu sur terre. Reprenant la marche à ses côtés, elle se sentit désolée pour elle. C'était triste de devoir se dire qu'elle faisait quelque chose de mal en lui parlant. Sasha fit la moue quand Elizabeth lui fit comprendre poliment qu'elle en avait assez de cette conversation.
Elle allait s'excuser quand son portable sonna. Pensant directement à Riley, son sourire s’effaça rapidement quand elle le lu! Les sourcils froncés, son visage reflétait l'incompréhension. Les mots qu'elle venait de lire résonnaient dans sa tête comme une claque. Etait-il arrivé quelque chose à son père? Et puis, pourquoi -S la comparait à Elizabeth? Elles ne se connaissaient même pas! Sasha remit son téléphone dans sa poche toute tremblante. Ces affronts de la part de ce corbeau commençaient à lui peser. Maladroite, elle regarda la jeune femme.

- Je... Je devrais rentrer. Je ne voulais pas vous déranger, ça n'arrivera plus...

< C > Gentle Lips

Nouveau message

Expéditeur: Unknown
Destinataire: Elizabeth K. Ashe
Message reçu, aujourd'hui.

Ne te fait-elle pas penser à quelqu'un ? Allons réfléchis bien ... Je suis sûre que tu peux faire cette brillante déduction quoique, tu ne devais déjà pas être une lumière pour passer autant de temps derrière les quatre murs d'une prison !
-S

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Sasha et Elizabeth

De la famille ? Intérieurement, un ricanement résonna. Non pas vraiment. Elle n'avait aucune idée du nombre de personnes qui pouvaient être de sa famille sur la planète Terre. Elle ne savait pas si ses parents avaient des frères et soeurs, elle ne savait rien. Mais ce n'était pas le plus important. L'important c'était que non, de ce qu'elle en savait et selon ce qu'elle considérait : non, elle n'avait pas de famille. « Euh ... Non. Je cherchais quelqu'un. » Une réponse courte, c'était bien plus son style qu'autre chose. Elle ne voulait pas trop en dire, ça ne concernait pas Sasha le moins du monde. La question était sans doute plus posée par politesse que par réel intérêt. C'était ainsi que pensait Lizzie. Elle ne pouvait même pas imaginer que quelqu'un puisse se préoccuper d'elle et de sa vie, du moins pas dans le bon sens du terme car en réalité, nombreux étaient ceux qui voulaient tout connaître mais d'aucun ne souhaitait en tirer une quelconque impression positive. Ils préféraient tous la détester de loin ...

Enfin, elle entendit un bruit qui ne la fit pas tout de suite réagir. Un son et une vibration dans sa poche lui rappela soudain l'appareil tout neuf en sa possession. Un téléphone portable. Elle avait beaucoup ri la veille en essayant de s'en servir. Au moins avait-elle compris comment déverrouiller l'engin, lire un message et passer des appels. Pour elle, c'était l'essentiel. Elle ne comprenait pas l'utilité de tous ces gadgets rajoutés mais passons, elle n'allait quand même pas devenir comme sa mère, à se plaindre de l'avancée fulgurante et des changements de vie. Elle saisit donc l'appareil et passa quelques secondes à le déverrouiller en tentant de ne pas s'énerver. Elle finit pas y parvenir et put lire le message qui s'affichait. Hormis son agent de probation, personne n'avait encore son numéro même pas le lycée. Elle s'étonna donc de ce message venant d'un inconnu et le lut. Son visage afficha l'étonnement et elle ne fit absolument pas le rapprochement entre son message et celui qu'elle avait vu recevoir Sasha. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Était-ce encore une blague de mauvais goût pour la persuader qu'elle n'avait rien à faire là ? Ou pire, une menace pour avoir osé parler à la jeune femme ? Aucune conclusion était encourageante et elle mit un certain temps à saisir les mots de Sasha à son encontre. « Non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire ... vous ne me dérangez pas mais je n'ai pas envie qu'on vous prenne à parti parce que vous m'avez parlé ... » Enfin, elle regarda vraiment Sasha, se retenant d'aller vers elle pour la retenir de partir, n'osant pas le contact. A qui pouvait-elle lui faire penser ? Elle réfléchit ..; réfléchit. Non ... pas ça. Qui savait ? Comment ? Personne n'était au courant de ça mis à part sa mère et donc personne pour divulguer ce secret. Même la police n'avait pas fait le rapprochement et ne s'était pas intéressé à son passé, d'aussi loin surtout. Alors pourquoi lui dire ça ? Juste pour la perturber ? Elle dévisagea Sasha avant de relire le message. C'était grossier, tellement grossier ... Ce n'était pas la réalité, elle le savait bien puisqu'on lui avait confié des papiers prouvant que cela était impossible alors c'était simplement pour lui faire du mal, pour provoquer ses sentiments. Elle n'aimait pas ça. « Vous ... avez quel âge ? » Elle voulait au moins savoir ça, pour chasser cette idée saugrenue implantée par l'auteur du message et pour pouvoir rire au nez de celui qui avait cru pouvoir la perturber ...

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« Elizabeth & Sasha »

Sasha s'était rapidement sentie intrusive avec sa question. Ca ne la regardait pas après tout. Mais elle avait quand même envie d'en apprendre plus sur cette femme. Tout le monde parlait d'elle comme d'un monstre et la jugeait sans même la connaitre. Mais pour la jeune femme, elle ne semblait rien de tout ça! Bien au contraire! Même si Elizabeth était sur la réserve, ce qui était normal, elle n'agissait pas comme quelqu'un de mauvais.
A sa réponse rapide, elle comprit qu'elle ne devait pas aller plus loin. Sasha lui sourit alors sincèrement et se contenta d'une toute petite réponse.

- J'espère que vous l'avez trouvé ou que vous le trouverez!

Elle n'allait pas en rajouter, ce n'était pas le désir d'Elizabeth, elle le savait. Et puis, son téléphone lui fit penser à autre chose. Ces textos de -S la perturbaient toujours. Elle ne comprenait pas le sens de celui-çi! Pourquoi la comparer à cette femme qu'elle ne connait même pas? Pourquoi parler de son père?... C'était autant de questions auxquelles Sha ne trouvait pas réponse! Le temps de se remettre, elle ne remarqua même pas que Lizzie en reçu un elle aussi. Sasha se sentit mal d'être restée à parler avec la jolie brune. Elle ne semblait pas en avoir envie et lui avait fait comprendre. Mais alors qu'elle s'excusa, Elizabeth la retint. C'était un peu comme un boomerang qui s'en va loin mais qui revient vers vous...

- Je pourrais comprendre que vous n'ayez pas envie de compagnie... Si c'est parce que vous craignez ce que pourraient dire les gens, on s'en fout! Vous savez, ils aiment les ragots, les rumeurs, mais ils feraient mieux de regarder ce qui se passe chez eux d'abord! Vous ne devriez pas vous inquiéter pour moi...

Peut-être c'était sa façon de lui dire qu'elle était grande, qu'elle savait prendre ses décisions. Et que si elle avait envie de converser avec elle, Sasha le ferait sans se soucier le moins du monde de ce que pourrait penser les habitants de Lewiston! Et puis, être seule, ce n'était pas agréable du tout! Elle fut un peu étonnée de la question d'Elizabeth par rapport à son âge mais lui répondit avec le sourire.

- Bientôt 24 ans madame !

< C > Gentle Lips

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Sasha et Elizabeth

Trouver ce qu'elle cherchait ? Ça avait été le cas, d'une certaine façon. Rien ne s'était déroulé comme elle l'avait voulu mais les faits étaient néanmoins là, elle avait eu sa réponse. Elle avait donc trouvé ce qu'elle cherchait même si ce n'était pas ce à quoi elle s'attendait. Elizabeth offrit donc un maigre sourire à son interlocutrice, le genre de sourire factice, ceux que l'on plaque sur son visage selon les circonstances, de ceux qui n'atteignent absolument pas le regard. Un sourire triste.

La réponse qui suivit de la part de Sasha, flotta comme un simple grésillement à ses oreilles. Pas que cela ne l'intéressait pas, mais son attention était maintenant bien plus focalisée sur le message de -S que sur tout autre chose. Elle offrit donc un deuxième sourire, un peu hors propos, par politesse ou pour signaler qu'elle avait néanmoins compris que Sasha avait parlé -peu importe ce qu'elle avait dit- avant de replonger dans le puits sans fond qui semblait vouloir l'accueillir. Un noeud tordait son intérieur, lui coupait le souffle, lui rappelant de ne pas songer à tout cela, se souvenant -trop tard- du mal que cela faisait, de la tristesse que ça lui amenait, du tourbillon de sentiments contradictoires qui naissaient encore. L'espoir, ce vain objectif qu'elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver. Le sentiment le plus horrible qui soit -selon elle. C'était croire en une amélioration possible, remonter le puits avant l'assaut final qui vous propulserait tout au fond, dans l'eau croupie, la tête en sang après avoir touché le fond. Vraiment, l'espoir, c'était le sentiment le plus salop du monde. Et pourtant ... elle avait cet espoir un peu fou, caché derrière une bonne dose de scepticisme et de rationalisme. Son âge. Le seul moyen de s'assurer de ne pas monter trop haut afin que la chute ne soit pas trop rude. Le seul moyen. Si la réponse avait pu ne pas lui convenir. Au lieu de ça, ses yeux s'agrandirent, elle tangua et sa bouche entre-ouverte ne laissa plus passer aucun air. Choquée, abasourdie, figée. « Vr-vraiment ? » Une voix bien trop aigüe pour être naturelle, un regard fuyant, voilà tout ce dont elle était maintenant capable. Cette femme impulsive, celle-la même qui avait construit un immense mur la protégeant des agressions et des regards extérieurs venait d'être touchée, profondément, trop profondément, par un chiffre, un simple chiffre. Vingt-quatre. Des années. « J-je dois y aller, désolée. » Elle fuit. Marche. Court. Elle ne sait même plus mais elle part, s'éloigne de ce visage et de ce chiffre qui lui semble si familier et si étranger en même temps. Tant pis pour l'honneur ! Au diable la raison ! Elle a peur et l'espoir est revenu au galop, prenant une place de maître au sein de son cœur. Il lui sembla que plus rien ne pourrait aller bien, Lewiston était devenue la ville de son pire cauchemar ou de sa plus grande peur.