Sauver la demoizelle, une vocation !
Jordan Stark-Mears
C’était … une rude nuit. Tayson passa la majorité de son temps à se tourner, se retourner. Il avait chaud, il transpirait. Des flashs lui passaient en tête, des images qu’il préférait oublier. Il entendait des choses qui n’existaient pas, pas dans sa maison familiale. Un craquement d’os, et l’image d’un corps inerte qu’il connaissait devant lui le fit se redresser immédiatement de son lit. Il était… mal.
Les insomnies n’étaient pas aussi courantes que ça, mais quand elles le frappaient, elles le frappaient terriblement. Il en était pris de tremblements, et dut trouver un moyen de se calmer. Aussi, le trentenaire se leva, enfila un leggings de course et un t-shirt casuel. Il s’avança ensuite vers son armoire à vitre, dans laquelle on pouvait contempler différentes bouteilles, de formes parfois standard, parfois exotiques. Du malibu, de la liqueur à différents arômes, parfois écoeurants, parfois succulants. Ses yeux cherchèrent son somnifère de fortune : un whiskey basique venant du supermarché d’à côté. Pas de qualité, mais ça assommait suffisamment pour le permettre de dormir plus calmement.
Sa main alla chercher l’objet de ses désirs mais quand il souleva la bouteille, Tayson se rendit compte qu’elle était…. Vide.
»BordelIl reposa la bouteille, et hâtivement, pris une jaquette et opta pour son second remède à l’insomnie :
La fatigue physique.
Aussi, il sortit et entreprit directement dès la porte fermée à clé un footing.
Au fur et à mesure de ses foulées, sa tête se désemplit peu à peu de ses soucis quotidiens. Il remuait des choses, des événements. L’image de son frère, sa sœur, et même sa mère vint ralentir son pas, mais il éloigna ces pensées d’un mouvement de tête. Non, il fallait qu’il se calme, et se concentre sur sa respiration.
Il le fit. Sa foulée gagna en rapidité, et peu à peu, des légères gouttes de sueur commencèrent à perler sur ses tempes, comme si ses soucis se liquéfiaient et s’enfuyaient de son corps, longeant son épiderme.
Mais soudain, alors qu’il passait à la 21ème avenue, il crut entendre quelque chose. Il s’arrêta, soudainement, et sentit ses genoux pester contre cet arrêt si brutal. Tayson se retourna, son rythme cardiaque gagnant en intensité, l’adrénaline ne s’estompant pas à cause de la soudaine peur qui l’envahissait.
Il savait que –S rôdait dans cette ville. Ce mystérieux individu, dont on ne savait strictement rien, si ce n’était qu’il semait l’effroi dans cette ville si tranquille. La peur de peut-être le savoir dans les alentours glaça le sang de Tayson qui se sentit soudainement mal.
Une voix féminine, désespérée retentit alors. Elle criait à l’aide. Cela déclencha un réflexe pour le trentenaire, qui ne se posa aucune question et accourut en direction de la provenance du cri. Une partie de lui pensait que peut-être il pouvait s’agir de cette personne tant recherchée par la ville, dont il avait extrêmement peur. Mais sa raison penchait plus pour quelque chose qui n’avait pas de lien avec ça, d’autant plus qu’il y avait des bars dans cette avenue, et qui disait bar, disait alcool, et bien souvent problème entre la gent masculine et féminine.
Son arrivée sur les lieux confirma cette pensée.
Une jeune femme, blonde, acculée contre un mur, sans possibilité de fuite. Devant elle, un homme, sans doute, au vu de sa carrure, encapuchonné, qui l’avait à sa merci. Qu’allait-il faire ? L’embrasser, la violer ? La taper ?
Tayson ne comptait pas rester en observateur pour avoir réponse à sa question et sans vraiment réfléchir il fonça contre cette personne. Il ne fut pas assez sot pour se faire remarquer avant d’au moins être à distance de poings de l’homme. Aussi, alors que Tayson était derrière lui, l’agresseur se retourna, sentant bien la présence d’une troisième personne, et n’eut que le temps de se ramasser une terrible droite en pleine tronche. La force du coup l’obligea à lâcher prise avec la demoiselle, qui fut libre de tout mouvement.
Tayson observa l’homme qui portait une main à sa bouche désormais ensanglantée.
Fils de pute….Fais quelque chose d’intelligent ce soir, rentre chez toi, gamin.Lui conseilla Tayson, qui n’avait pas encore adressé un regard à la jeune femme, trop concentré sur l’homme en face de lui, ou plutôt garçon, car, au vu de son visage, il était très jeune, sans doute adolescent.
Tayson insista un peu plus :
Allez, casse-toi avant que tu te fasses vraiment malEt il tourna du coin de l’œil en direction de la demoiselle, sans doute effrayée par cette expérience.
Vous, vous feriez mieux de rester avec moi, pour le moment…Ce serait quand même bête de s’être investi pour elle, et de la voir se faire agresser par un autre trognon de gaillard !